L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.
Clément Gaillard
Karuizawa 34 Years 1980 Number One Drinks Ex-Bourbon Cask N°6476 - Bottled 2014 LMDW Artist
Voilà un superbe single cask sélectionné par La Maison du Whisky et illustré par l’artiste de Singapour Warren Khong. Puissant et légèrement acétique (vernis à ongle), le whisky a besoin d’un peu de temps pour s’ouvrir. On y trouve des notes fruitées (abricot, raisins secs, orange confite) et le côté un peu « vieux temple » (encens, bois précieux, poussière) qui résume si bien Karuizawa. Moins concentré que les versions élevées en fût de sherry, il ne manque pour autant pas de caractère avec des notes de menthe, d’épices (cannelle, gingembre) et de thé (vieux pu’er). Après un départ assez musclé, ce Karuizawa se révèle très équilibré et peut-être moins austère qu’à l’accoutumé avec cette grande distillerie disparue.
Nikka 12 years Of. Single Coffey Malt One of 3027 LMDW
Nikka Coffey Malt 12 ans est une édition spéciale produite pour La Maison du Whisky à partir d'orge maltée et distillée grâce au Coffey Still de Miyagikyo. Il est dominé par la gourmandise avec des notes de vanille, de bois toasté et de café au lait. On pourrait aller chasser sur les terres du bourbon mais tout cela nous rappelle plutôt les vieux whiskies de grain de Cameronbridge ou Caledonian dont on retrouve les notes de fruits exotiques (banane, noix de coco). Sans être d’une complexité inoubliable, ce whisky a quelque chose de réconfortant.
Salvatore Mannino
Ichiro's Malt Of. Wine Wood Reserve
Ichiro's Malt « Wine Wood Reserve » est peut-être le moins évident des blended malt issus de la trilogie formée par le « Double distilleries » et le « Mizunara Wood Reserve » et j’avoue que la première fois que je l’ai goûté, j’étais quelque peu décontenancé. Mais en fait, il faut donner à ce whisky sa chance et surtout du temps dans la dégustation pour qu’il nous livre une palette aromatique des plus originales et la mesure de ses qualités. Cette expression a vieillie en fûts ayant contenu du vin rouge avant d’être affinée en fût Ovum (tirant son nom de sa forme, qui évoque un œuf), en chêne français, réalisé par la célèbre tonnellerie Taransaud.
Le nez est rond et offre d’emblée une pleine corbeille de fruits rouges, suivie d’épices (poivre, clou de girofle), pour humer ensuite un jus de viande rouge tout juste sortie du four, avec ses herbes aromatiques (romarin). Puis, au fur et à mesure de l’aération, on aborde un registre plus doux (orange confite, raisin sultane), du chocolat au curry et une Bénédictine. Dans un registre complètement différent, on revient en cuisine où mijotent en cocotte des moules au vin blanc ! Ce whisky n’en finit pas de nous surprendre. Enfin, des notes de noix de muscade et de musc arrivent en toute fin de nez. La bouche est juteuse, épicée (poivre), puis se déversent des fruits en cascade : on commence avec le rouge : fraise, framboise, groseille, suivi de l’orange (elle aussi teintée de rouge car sanguine) et enfin des fruits à coque (noix et noisette). La finale est longue, sur le poivre et l’orangette, la confiture de cerise. Je vous l’avais dit : déconcertant, mais dans le bon sens.
The Last Vatted Grain Compass Box bottled 2011 Limited Edition of 297 bottles
Le 22 novembre 2011 à minuit, la loi sur le whisky écossais concernant les appellations « vatted malt » et « vatted grain » entrait en vigueur et les termes, depuis, ont été respectivement remplacés par « blended malt » et « blended grain », pour évoquer l’assemblage de whiskies de malt ou de grain provenant de deux ou plusieurs distilleries. Sorte de pied de nez à cette décision, Compass Box décide de réaliser deux ultimes assemblages (dont celui-ci) qui sortiront juste avant l’effet de cette loi, rendant ainsi un dernier hommage à ces dénominations séculaires. Pour « The Last Vatted Grain », l’assemblage est composé de whiskies issus de quatre distilleries de grain, dont Carsebridge (fermée en 1983) et Port Dundas (fermée en 2011).
Le nez est rond et charmeur. On pousse la porte d’une boulangerie : brioche vendéenne, flan, brioche suisse aux pépites de chocolat. Au fur et à mesure de l’aération, on passe dans l’atelier du pâtissier, tant les ingrédients font surfaces, avec des notes plus avérées de vanille, de fleur d’oranger et de blancs en neige. Enfin on aborde le registre épicé (poivre blanc et gingembre). La bouche est ample, fluide. Elle est une fidèle retranscription du nez, avec des notes de liqueur d’orange plus prononcées, l’éclair au café et du pain aux céréales grillé s’invitant en plus à ce festival gourmand. Les épices se font plus vives (poivre noir, lamelles de gingembre confit). La finale est longue, douce, sur la vanille et le zeste d’orange. Ce whisky est une véritable tentation et me rappelle une anecdote lorsque je travaillais en boutique : une femme me disant qu’elle n’aimait pas le whisky, l’a quand même goûté sur ma recommandation et est revenue quelques jours plus tard pour en acheter deux bouteilles !