Depuis le lancement de la première vente de Fine Spirits Auction il y a tout juste un an, la proportion des flacons embouteillés après 2000, a pris une part très importante au regard de ceux du siècle passé. En atteste, notre sélection de lots pour cette 7ème édition.
Nous proposons notre toute première collection issue d’un stock appartenant à un particulier (450 lots répartis sur près de 300 références différentes) et dont l’intégralité des embouteillages a vu le jour au 21ème siècle. A cette collection vient s’ajouter de nombreux autres lots sourcés aux quatre coins de France, dont beaucoup sont issus de cette même période.
Que ce soit dans son déroulement ou ses résultats, cette édition de Fine Spirits Auction devrait intéresser nombre de collectionneurs et/ou investisseurs qui, à l’instar de ce particulier, se sont intéressés au marché des whiskies et des rhums dits « de collection » ces vingt dernières années. Si elle n’est pas exhaustive, cette collection illustre dans les grandes lignes, les temps forts et les tendances qui ont dynamisé, voire porté le marché français sur la période.
Cette collection est marquée par :
1 – Une proportion importante de distilleries qui ont vu le jour au début des années 2000 et dont la production fut commercialisée à partir de la fin de cette même décennie : Octomore, Mars, Chichibu, Kavalan, Kilchoman, Ballechin, Port Charlotte, Kavalan. Portées par des tendances favorables(émergence d’une nouvelle génération de consommateurs, introduction par leurs ainées de versions sans compte d’âge, progrès techniques et nouveaux moyens de communication etc.), elles ont réussi le pari (jugé fou dans les années 90) d’introduire avec succès une ou plusieurs expressions très peu âgées de leur whisky, de capter et de fidéliser une clientèle curieuse et génératrice de « buzz ».
2 – La place donnée à une nouvelle génération de « whisky-maker » et de négociants, très caractéristique de ce début de millénaire, dont Elixir Distillers avec leur gamme Eléments of Islay et leur marque Port Askaig. Mais aussi Compass Box et ses blends élégants, sans âge, et issus de micro cuvées.
3 – Une forte présence de whiskies japonais. Une catégorie très rapidement reconnue par le public, autours de distilleries historiques telles que Yamazaki, Yoichi, ou bien fermées donc à la disponibilité raréfiée comme Hanyu et Karuizawa.
4 – Un parti pris pour les négociants en rhum, dont Samaroli, Velier, That Boutique Y etc. La reconnaissance du rhum en tant que pur produit de dégustation et non plus comme simple base à cocktail est un autre fait marquant de ce début de siècle. La conséquence directe est la naissance du marché des rhums de collection, marqué par les embouteillages de négoce et le vif intérêt que suscite toute sélection par ces mêmes négociants de distilleries même méconnues du grand public: Foursquare, Hampden et plus récemment encore, les clairins d’Haïti.
5 – Une sélection de distilleries mythiques qui ont su se ré inventer, dont Ardbeg, véritable cas d’école, qui a su négocier un virage à 180° en troquant ses versions âgées 10, 17, 25 et single cask millésimés (qui avait fait la réputation de la distillerie auprès des collectionneurs au cours des années 90) pour ses « Spécial Edition » sans mention d’âge. Une stratégie qui lui a permis de rajeunir son image et de recruter de nouveaux consommateurs et collectionneurs. Dans un tout autre style, la distillerie Glendronach a pris le marché à contre-pied et s’est lancée dans un programme de mises en bouteilles : 100% Sherry, single casks millésimés et version âgée de son malt. Il fallait oser !
C’est une collection de son temps, qui montre à quel point les mises en bouteilles du 21ème siècle rompent avec celles du 20ème, tout en répondant au sacro-saint objectif de fidélisation de la clientèle. C’est aussi une collection qui témoigne de la disparition du facteur « temps » dans la prise de valeur des bouteilles. Désormais un flacon peu devenir « collector » dès sa sortie et parfois même avant sa sortie, tant l’anticipation des amateurs est grande. Il n’est pas rare de voir la valeur d’un whisky multipliée par deux ou trois quelques jours ou semaines après sa sortie, quand il fallait des années au siècle dernier. Plus que jamais, le marché de la collection est soumis aux lois de l’offre et de la demande et si le 20ème siècle fut celui de l’abondance, le 21ème pourrait bien être celui de la raréfaction.
Nous avons pu nous entretenir avec notre vendeur à propos de sa collection.
Initialement grand amateur de vins, il s’est intéressé aux spiritueux à partir du début des années 2000. Il a justement poursuivi son apprentissage en la matière grâce à l’offre de la Maison du Whisky, afin d’aller plus loin que les grands classiques, de sortir des sentiers battus. Il s’est rapidement orienté vers les embouteilleurs indépendants, qu’il a privilégiés par rapport aux embouteillages officiels. Ses coups de cœur ? Il nous parle notamment des Écossais Signatory Vintage et Berry Bros et de l'Italien Hidden Spirits. Concernant les rhums, pour lesquels son intérêt est un peu plus récent, il avoue un véritable coup de foudre pour la Maison italienne Velier : tout d'abord par les embouteillages maintenant mythiques de Guyane Britannique, bouteilles noires, Enmore, Blairmont, Uitvlugt, etc, puis par Caroni.
C’est la dégustation qui fut la base de cette collection, notamment sur des salons pour se lancer avec passion dans cette collection. Il a évidemment conservé toutes ces bouteilles dans les conditions adéquates pour assurer leur qualité (bouteilles debout, à l'abri de la lumière). Si la collection qui s’offre à vous aujourd’hui a de quoi faire rêver, n’ayez crainte, notre vendeur en a conservé une grande partie pour ses propres dégustations, à la fois pour partager et pour transmettre.
Au-delà de cette collection, quelques pépites du siècle dernier se sont immiscées dans la sélection, et non des moindres :
BOWMORE BLACK 1964, 50% First Edition, 2sd Release
En 1993 Morrison Bowmore lançait sur le marché la toute première édition d’une trilogie consacrée à l’année 1964 de la célèbre distillerie Bowmore. Celle-ci sera connue sous le nom de Black Bowmore. Trois « Releases » de Black Bowmore 1964 se succédèrent de 1993 à 1995. Tous les flacons sont numérotés au dos. Le temps a pu effacer le numéro. De même la majorité des flacons présentent un niveau bas, voire très bas au niveau des épaules. A leur sortie en France, ces versions étaient commercialisées chez les cavistes dont les Repaire de Bacchus pour 1500.00 F.
BRORA 22 ans 1972, 58.7%/70cl Rare Malts
Au rayon des « très » Rares Malts, se trouve cette version de Brora 22 ans millésimée 1972.
Lancée en 1995, la gamme des Rare Malts fut une formidable vitrine pour la distillerie, fermée une douzaine d’années plus tôt, en 1983. Pour la seule année 1995, pas moins de huit embouteillages sont réalisés autour de Brora, déclinés sur trois millésimes, 1977, 1975 et 1972.
Le millésime 1972 est désormais le plus rare. Si le degré 60.02% constitue la version la plus difficile à trouver aux enchères et se négocie à plus de 15 000.00€, les autres versions dépassent toutes plusieurs milliers d’euros le flacon. Avis aux collectionneurs de cette gamme.
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