Rare malts selections

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1995 - 2005 RARE MALTS SELECTION (RMS) THE ULTIMATE COLLECTION

A l’occasion de l’édition 2016 de Whisky Live Shanghai, une annonce vint secouer le microcosme des collectionneurs de la gamme des Rare Malts Selection. Trois nouveaux embouteillages limités à cinq exemplaires chacun pour le monde, furent réalisés pour l’occasion incluant deux distilleries originellement exclues de la sélection : Lagavulin et Talisker. Si les collectionneurs de la première heure s’insurgèrent et crièrent au scandale, cet épiphénomène eut pour conséquence de remettre sous les feux de la rampe une gamme oubliée et qui, en son temps, participa à l’essor de la catégorie des single malts et inspira les développements futurs des versions premiums et super-premiums des malts du groupe Diageo.

GENESIS

Au tournant des années 1990, United Distillers (UD, futur Diageo) se trouve à la tête d’une écurie d’une quarantaine de distilleries de malt. Malgré la fermeture de nombreuses unités de production entre 1983 et 1985, UD reste le plus important acteur de l’industrie du whisky écossais. Une situation héritée des premières tentatives de rationalisation de cette industrie qui, dès le milieu du 19ème siècle, est aux prises avec une surproduction galopante.

Zoom arrière : Face à l’échec des différentes associations créées afin d’endiguer le flot de whisky de grain (nécessaire à l’élaboration des blends) qui se déverse sur le marché, plusieurs distillateurs indépendants se rassemblent en 1877 afin de créer une société commerciale : la Distillers Company Limited (DCL). A partir de la fin du 19ème siècle et tout au long du 20ème siècle, la DCL n’a de cesse d’étendre toujours un peu plus son « parapluie » sur une industrie divisée et malmenée par les évènements politiques, économiques et sociaux.

A la veille de la Première Guerre mondiale et à l’initiative des dirigeants de la DCL, la Scottish Malt Distilleries (SMD) est formée. A l’instar de ce qui fut réalisé pour contrôler la production de whisky de grain en 1877, la production de whisky de malt doit désormais faire sa révolution et se structurer si elle veut survivre dans un contexte difficile. Initié en 1914, ce mouvement de fond profite des conséquences de la Première Guerre mondiale et de la fermeture du marché américain suite à la proclamation du Volstead Act en 1919. Au milieu des années trente, la SMD se retrouve à la tête d’un pool de cinquante et une distilleries de malt.

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United Distillers (UD) & Rare Malts Selection (RMS)

Née en 1987 des suites du rachat par le groupe Guinness de la société Arthur Bell & Sons (en 1985) et la DCL (en 1986), United Distillers (UD) se lance dans un programme de communication et de valorisation de leurs distilleries de malt. Deux axes sont développés conjointement. Le premier s’articule autours des terroirs d’Ecosse et donne naissance à la gamme des « Classic Malts » avec en vedette six distilleries : Glenkinchie, Oban, Cragganmore, Talisker, Lagavulin et Dalwhinnie. Le second, beaucoup plus exclusif et confidentiel, devra mettre en avant les quelque trente-six distilleries du portefeuille, dont la moitié ont été fermées au début des années 80 et pour lesquelles un stock conséquent en cours de maturation subsiste encore.

C’est un duo de choc avec d’un côté, Mike Collings, Directeur Marketing de UD, créateur entre autres de Johnnie Walker Blue, Green et de la gamme des « Six Classic Malts », et de l’autre, Maureen Robinson, Master Blender du groupe, qui en unissant leurs talents, vont donner naissance à cette gamme devenue iconique.

L’ESPRIT D’UNE GAMME

En raison de son caractère rupturiste et innovant, la RMS est lancée en premier lieu en Duty Free en 1995 avant d’être introduite sur les marchés domestiques. C’est un pari osé. Depuis les années 70, les marchés sont saturés de blends écossais aux noms obscurs et de qualités de plus en plus discutables. La course au prix est accentuée par un alignement généralisé sur le degré le plus bas autorisé par la loi : 40%, permettant de payer le moins de taxes possibles (TVA, Droits d’Accise et notamment pour la France à partir du début des années 80, la Cotisation de Sécurité Sociale). La crise économique des années 80 ne va pas dans le sens d’une premiumisation du marché, loin de là.

En cela, la RMS est aux antipodes des indicateurs du marché. Elle s’articule autour de micro-cuvées « batch » issues du mariage d’une vingtaine de barriques pouvant produire de quatre-mille à plus de dix-mille bouteilles par embouteillage.

La traçabilité est au cœur du concept. Les barriques sont sélectionnées au sein d’une même année de distillation, laissées au degré naturel, sans ajout de colorant (E150), ni filtration à froid, une pratique artisanale, jusqu’alors laissée aux négociants. Seul petit bémol, si les flacons sont individuellement numérotés, il n’est toutefois pas fait mention du nombre total exact de bouteilles produites au sein d’un batch. Au fil des embouteillages, les informations et les packagings évoluent. Ainsi, certaines éditions font mention du mois et de l’année de mise en bouteilles en pied d’étiquette. La gamme est introduite avec un étui bleu-nuit mais certains marchés dont les Pays-Bas exigent un coffret-bois tandis que d’autres commercialisent les flacons nus. Des mentions spéciales apparaissent notamment pour les versions destinées aux Etats-Unis « USA » ou à l’Afrique du Sud « RSA/B297 » afin de répondre aux exigences des pays importateurs. La RMS introduit ce qui deviendra la norme du luxe vingt ans plus tard, le sur-mesure.

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L’ESPRIT VINTAGE

A partir de la fin des années 70, l’industrie du whisky adopte le degré de 63,5% pour mise en vieillissement. A 63,5%, un alcool vieillit plus harmonieusement et rapidement qu’un distillat à 70% ou 75% (degré de sortie de l’alambic), l’interaction entre le bois et l’alcool étant plus dense.

Si aucune règle ne prévalait jusqu’alors, il était d’usage pour les sociétés les plus importantes d’optimiser l’espace d’entreposage et le nombre de barriques à manipuler (source de coûts importants) en remplissant les barriques avec un distillat dont le degré avoisinait celui de la sortie de l’alambic.

Sur les cinquante-quatre embouteillages proposés par la RMS entre 1995 et 1996, plus de la moitié présentent un degré oscillant entre 60% et 65%. Tous sont issus de distillation couvrant les années 1969 à 1975 et affichent une moyenne d’âge supérieur à vingt-deux ans. Cette combinaison « fort degré/whisky âgé » est désormais impossible, seuls de jeunes whiskies âgés d’environ 6 ans peuvent encore tutoyer les 60%. En cela, la RMS est le témoin d’une époque. Car au-delà de l’âge et du degré, c’est aussi le profil de ces malts qui expriment une pratique de production révolue. A la dégustation, ces malts sont beaucoup plus tendus, voire fermés pour certains et nécessitent une oxygénation avant dégustation. D’un point de vue organoleptique, beaucoup semblent plus jeunes que leur âge. Ces flacons sont aussi sujets à une très forte évaporation. En cas de manipulation excessive ou de mauvaises conditions de garde, le niveau dans le col tend à diminuer rapidement. Il est conseillé de recouvrir l’intégralité de la capsule de parafilm (film extensible médical) afin de limiter au maximum les pertes d’alcool et la valeur de la bouteille.

A L’EPREUVE DU TEMPS

Au cours des quatre premières années de lancement (1995 à 1998), les versions suivent un tempo de deux vagues par an pouvant intégrer de quatre à une dizaine de distilleries différentes. Les deux premières années sont fastes tant en nombre d’embouteillages qu’en matière de distilleries représentées. Ainsi, en 1995, treize d’entre elles font l’objet de mises en avant réparties sur trente-cinq embouteillages. Le haut du tableau est largement dominé par les deux monstres sacrés que sont devenus depuis Brora et Clynelish, qui à elles seules proposent huit versions différentes toutes millésimées 1972. Ces éditions sont les plus cotées de la gamme des RMS.

En 1996, quinze distilleries illustrent dix-neuf nouveaux embouteillages. Pour certaines d’entre-elles, ce sera leur seule et unique apparition au sein de cette gamme (Craigellachie, Benrinnes, Aultmore, etc.). Conjointement à la promotion de cette gamme, UDV se sépare de certaines unités de production jugées non stratégiques, dont Benromach dès 1992, Bladnoch en 1993, Aultmore, Craigellachie et Royal Brackla en 1998.

Au-delà du nombre de distilleries et de la quantité d’embouteillages proposés, ces deux premières années couvrent la période charnière de production que fut le tournant des années 60-70 pour beaucoup de distilleries. Le début des années 70 est marqué par une vague de modernisation de l’industrie du whisky sans précédent, touchant tous les métiers. Glendullan accueille par exemple à partir de 1972 sous sa « pagode » une nouvelle unité de production à la pointe de la technologie qui opère conjointement avec l’ancienne distillerie jusqu’en 1985. Cette révolution technologique se double d’une évolution perceptible de la qualité des malts. Leur profil aromatique s’en trouvant transformé, une rupture apparait au sein de la production de nombreuses distilleries. Il y aura désormais, un « avant » et un « après ».

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LE PASSAGE DU MILLENAIRE

Serait-ce dû au succès des « Six Classic Malts » lancés en 1988, déclinés en « Distillers Edition » au milieu des années 1990 ou bien au changement d’équipe à la tête des RMS, toujours est-il que l’année 1999 marque un sérieux un coup de frein au lancement de nouvelles éditions. Seuls quatre ou cinq embouteillages seront proposés annuellement jusqu’en 2005, année de la disparition de la RMS. Entre-temps, l’industrie du whisky écossais sera sortie d’une crise de quinze ans et se sera profondément transformée. De nouvelles distilleries ont vu le jour. D’autres rouvrent leurs portes et font l’objet d’importants plans de rénovation et d’investissement. Les cinq premières années de ce nouveau millénaire voient un nombre incalculable de distilleries changer de mains. Un véritable démantèlement s’opère et de nouveaux acteurs indépendants, dont les négociants, intègrent le clan restreint des propriétaires de distilleries. Sur les dix ans qu’aura duré la RMS (de 1995 – 2005), l’industrie du whisky écossais aura réalisé et achevé sa mue.

QUEL HERITAGE ?

A la veille de la crise de 2008, le marché des malts premiums et super premiums est au beau-fixe. L’esprit de la RMS a fait des émules au sein de l’industrie du whisky. Les embouteillages de type « Small Batch », « Cask Strength », « Non Chillfiltered » et sans ajout de colorant deviennent la norme pour toute distillerie qui aspire à la prospérité.

Au sein même de l’écurie des distilleries de Diageo, la RMS a fait émerger de nouveaux talents jusqu’alors cantonnés aux seconds rôles de « malts à blends », et des légendes se sont écrites. Ainsi, Caol Ila et Clynelish se voient doter chacune d’une gamme et se déclinent en différents âges et versions. Surfant sur l’esprit de la rareté, Diageo lance en 2001 une série baptisée « Diageo Special Release », dont les vedettes seront Port Ellen et Brora, toutes deux fermées définitivement en 1983 et entrées depuis au panthéon des whiskies de collection, devenant de véritables valeurs refuges pour tout collectionneur-investisseur.

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RMS FAITS & CHIFFRES

  • Lancée en 1995
  • Interrompue en 2005
  • 36 distilleries différentes représentées dont la moitié sont fermées depuis 1983-1985.
  • 121 embouteillages réalisés (70cl, 75cl, 20cl) entre 1995 et 2005
  • Deux « box » produites (5*20cl) entre 1995-1996 :
    o #1 : Clynelish 1972, Glen Esk 1969, Glenlochy 1969, Mortlach 1972, North Port 1971
    o #2 : Brora 1975, Caol Ila 1975, Dailuaine 1973, Glendullan 1972, Teaninich 1972
  • Dix embouteillages spécifiques aux Etats-Unis (1995-1996)
  • Treize distilleries pour lesquelles une seule édition de RMS existe.
  • Embouteillage le plus jeune : 18 ans / Millésime le plus jeune : 1982
  • Embouteillage le plus âgé : 35 ans / Millésime le plus ancien : 1969
  • Editions de 2016 ne faisant pas officiellement partie de la série originale :
    o Lagavulin 40 ans 1976, 51.5%
    o Talisker 40 ans 1976, 45.7%
    o Caol Ila 33 ans 1983, 56.6%

RMS FAITS & CHIFFRES

  • RARE MALTS, FACTS, FIGURES AND TASTE – Ulf Buxrud
  • THE MAKING OF SCOTCH WHISKY – John R.Hume & Michael S.Moss
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