Si le whisky peut être qualifié d’art au même titre que la musique, c’est que ces deux mondes se rejoignent sur plus d’un point.
Outre l’émotion que l’un et l’autre peuvent provoquer chez celui qui s’y plonge, leurs univers peuvent, de bien des manières, refléter les différents aspects de toutes une industrie.
Car si les embouteillages officiels sont aussi millimétrés et réfléchis que des albums studios, les embouteillages de négoces, à l’instar de concerts live, laissent souvent la fougue, le naturel, et l’âme même des whiskies éclater au grand jour…
Voici donc quelques explications pour mieux cerner les deux faces de la planète whisky
Embouteillage « officiel » ou « de distillerie » et embouteillage « indépendant » ou « de négoce » : quelle différence ?
Le cas du single malt:
Embouteillage officiel / de distillerie:
Ce dernier produit vieilli, embouteillé et commercialisé directement par la distillerie est souvent considéré comme l’embouteillage de référence ; Laphroaig 10 ans, Glenfiddich 15 ans, Glendronach 15 ans, Macallan 12 ans etc...
Lorsqu’une distillerie établie une recette, prenons l’exemple du Laphroaig 10 ans, cette recette doit être la même, peu importe où et quand vous acheter votre bouteille. Ici la régularité prime car l’amateur de Laphroaig veut pouvoir retrouver un goût identique à chaque dégustation. Dans ce but le master blender (maître assembleur) de la distillerie assemble quotidiennement des centaines de fûts entre eux afin de recréer le profil aromatique original. C’est ce qu’on appelle un embouteillage officiel ou un embouteillage de distillerie, aussi connu sous l’abréviation OB, pour official bottling. Ci-dessous, un Caol Ila 12 ans officiel
Embouteillage indépendant :
Aussi nommé, embouteillage de négoce, ce dernier en est en fait le fruit de la sélection d’un courtier ayant sélectionné de l’alcool au sein d’une distillerie.
L’alcool peut-être un “new make” - comprenez un whisky en devenir qui n’a pas encore débuté son vieillissement -, ou un alcool ayant déjà commencé à vieillir en fût.
Un fois la sélection effectuée, le négociant pourra ensuite gérer lui-même le vieillissement, ainsi que les spécificités liées à la mise en bouteille. Spécificités telles que le choix d’embouteillage d’un ou plusieurs fûts, la filtration, la réduction, la coloration ou tout simplement le packaging de la bouteille. Toutes ces informations sont généralement indiquées sur l’étiquette de la bouteille, et permettent aux consommateurs d’avoir un maximum d’informations sur le whisky. Ci-dessous, un Caol Ila de chez Berry Bros and Rudd
La plupart des négociants possèdent aujourd’hui différentes gammes comprenant des embouteillages issus de fûts uniques (single cask) et embouteillés au degré naturel (cask strenght), d’autres au contraire, issus d’assemblages de quelques fûts (small batch) et dont le degré est réduit avant l’embouteillage (généralement entre 43 et 46%).
L’étiquette, riche en informations, d’un Mortlach Signatory vintage
A noter que si bons nombres de distilleries écossaises acceptent de vendre une partie de leur production aux négociants, certaines se veulent plus timides quant à laisser leur whisky aux mains de ces derniers. Ainsi, on peut aisément retrouver des whiskies distillés à Clynelish ou à Longmorn chez les négociants, alors que mettre la main sur un Lagavulin ou un Glenfiddich indépendant sera bien plus difficile !
Certains vont même plus loin, allant jusqu’à jouer la carte de l’ésotérisme : nom de la distillerie remplacé par une série de chiffres, ou remplacé par un nom d’emprunt… Les idées ne manquent pas pour faire découvrir des produits d’exception aux amateurs!
Le cas des distillery label:
La pratique du négoce fait partie intégrante de l’industrie depuis plusieurs générations, et date d’une époque où certaines distilleries (aujourd’hui mondialement connues) préféraient sous-traiter la mise en bouteille et la vente de leur production à une tierce compagnie. Ces embouteillages de négociants sont, avec la force des choses, devenus des embouteillages semi-officiels dans l’esprit des amateurs. Des légendaires Macallan embouteillés par Campbell, Hope and King, aux plus récents embouteillages de Linkwood ou de Mortlach de Gordon & Macphail, les négociants se sont imposés de par l’incroyable qualité de leur sélection.
Le cas des blended whiskies et des blended malt:
Si pour certains, le single malt se pose comme maître incontesté dans le monde du whisky, l’amateur averti a compris depuis longtemps l’intérêt d’assembler des whiskies de distilleries que tout oppose. Ainsi, cette pratique, aujourd’hui largement démocratisée, a permis à certains négociants d’inventer de nouveaux profils aromatiques complètement infaisables au sein d’une seule et même distillerie. Des blended malts historiques de Berry Bros and Rudd, aux exceptionnels créations de Compass Box, en passant par la série des Remarkable Regional Malts de Douglas Laing, les négociants ont depuis longtemps prouvé qu’ils étaient plus que de simples figurants. La série emblématique des Highland Fusiliers de Gordon and Macphail
L’italie, deuxième patrie du négoce de whisky écossais:
Portée au panthéon du whisky par une poignée de passionnés, l’Italie (et plus particulièrement les embouteillages des années 1960 aux années 1980) est à plus d’un titre une nation qui a permis au whisky d’acquérir ses lettres de noblesse. Edoardo Giaccone, Silvano Samaroli, Nadi Fiori, Pepi Mongiardino... autant de noms qui, une fois inscrits sur une étiquette, imposent immédiatement le respect. Ces illustres amateurs sont à l’origine de sélections de haut vol, qui font aujourd’hui partie de la légende. Ces versions, parmi les plus recherchées par les collectionneurs voient régulièrement leurs prix crever le plafond des salles d’enchères et autres sites spécialisés.
Quelques grands noms :
Gordon & Macphails
Signatory Vintage
Cadenhead
Berry Bros ag
Hunter Lainnd Rudd
Douglas Laing
Compass Box
Murray Mac David
Samaroli
Silver Seal
Sestante
