L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Stanislas Kindroz et Salvatore Mannino.
SALVATORE MANNINO
BRORA 28 ans, 1982, The Whisky Agency/LMDW, Private stock, ex-Bourbon Hogshead, 51,6%
Ici encore, c’est une affaire de décennies : on retient plus les Brora des années 1970 que ceux des années 1980, moins tourbés, mais révélateurs d’une autre facette de ce malt côtier, rappelant le whisky issu de la distillerie voisine, plus récente : Clynelish.
Le nez est vif, riche et fruité (nectarine blanche). Légèrement tourbé (orge grillée), herbacé (écorce séchée, bâton de réglisse) et épicé (gingembre confit), il rappelle aussi le baume à lèvre d’une marque connue. Avec plus d’aération, des notes d’agrumes (citron, cédrat) et de poire tout juste pelée viennent diffuser beaucoup de fraîcheur. Enfin, des gousses de vanille délivrent de belles promesses gourmandes.
La bouche est ronde, on y retrouve les fruits du nez. Puis, elle se fait plus vive, avec une bouffée d’épices (gingembre, noix de muscade, baies de genièvre) qui occupent tout le palais, préparant la place à des effluves tourbées mais mesurées. La finale est longue, de la fleur de sel vient se déposer sur l’intérieur des lèvres tandis que le poivre continue de stimuler le palais pour laisser ensuite une bouffée de fraîcheur et de fumée lointaine.
STANISLAS KINDROZ
BRORA 37 years 14th Release Official Bottling 50,4 %
Ce Brora est un embouteillage de plusieurs Refill American White Oak Hogsheads remplis de distillats produits en 1978. Les premiers effluves sont d’une grande pureté. Sans surprise, nous retrouvons beaucoup de notes cireuses, minérales (roche humide, sable), salines (eau de mer) et citronnées. Cet atmosphère de bord de mer donne un charme incroyable à la dégustation. Une très légère fumée est présente en arrière-plan. C’est un Brora qui est très subtile, qui demande du temps. La bouche nous ancre encore plus au bord de la mer. Impossible pour nous de voguer ailleurs et, en même temps, ce serait dommage, tant l’élégance avec laquelle ces notes cireuses, salines, minérales et délicatement fumées s’expriment est exceptionnelle. Rien ne dépasse. Aucune note ne joue un ton au-dessus, aucune note ne joue un ton en-dessous. Ai-je besoin d’écrire que la finale est dans le même ton ? Je vais m’arrêter là car parfois, les dégustations nous dépassent. Quel immense whisky, où chaque séquence aromatique est jouée de la plus juste des manières, où l’identité d’une distillerie mythique resplendit avec une beauté inouïe.
BEN NEVIS 1975 Prestonfield 34 ans Signatory Vintage 63 %
La belle couleur ambrée de ce Ben Nevis pourrait nous tromper, mais c’est bien dans un ancien fût de bourbon que ce whisky a vieilli. Dès les premières secondes de la dégustation, ce sont des parfums de grist qui viennent rencontrer le nez du dégustateur. Émergent ensuite des notes de fruits très mûrs, de bois fraîchement poncé, de liqueur d’orange, de mélasse et de pâte à modeler. Si le nez pouvait arborer une pancarte, il y serait inscrit : “uniquement pour les inconditionnels de Ben Nevis”. La bouche est d’une rondeur magnifique, plus accessible que le nez. L’orge maltée est toujours présente, de l’attaque à la fin de bouche. Néanmoins, sa présence n’a que pour objectif l’encadrement des autres notes gustatives faites de noisette, de liqueur d’orange, de cake à l’orange et de cannelle qui apportent une suavité exceptionnelle à ce Ben Nevis. Des notes de figues et de poivre apparaissent à l’aération. Nous retrouvons des de l’orange lors de l’entame de finale. Des saveurs de noix, d’amandes, de bananes séchées et de bière légèrement acide y succèdent. En réalité, la pancarte la plus juste serait : “uniquement pour les inconditionnels de Ben Nevis, de vieux rhums et de vieux grain whiskies”. Quel charme !