L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Salvatore Mannino et Stanislas Kindroz.
STANISLAS KINDROZ
Située au nord-ouest de l’Italie, Gênes est la ville qui a vu naître la société Velier, il y a maintenant plus de 75 ans. Revenons sur deux expressions embouteillées par et pour “la Velier”.
Premier blended scotch embouteillé dans la gamme Artist, cette édition est un assemblage réalisé par John Glaser, le fondateur de Compass Box, afin de célébrer le soixante-dixième anniversaire de l’incontournable négociant et importateur génois. Le nez est immédiatement très racé, avec des premières notes faites d’amandes et de clémentines. Puis, des notes de foin et d’herbe mouillée viennent donner de l’épaisseur à la palette aromatique. Enfin, une marmelade d’orange et du chocolat noir accentuent la gourmandise de l’environnement olfactif. Les premières saveurs perceptibles en bouche sont maltées. Puis, le milieu de bouche alterne les séquences poivrées et vanillées. Au fur et à mesure, des notes de framboise apportent une dimension veloutée à cette palette gustative. La bouche tranche avec le nez par sa vivacité. Torréfiée (cigare) et maltée, l’entame de finale est également marquée par des touches de clémentine et de litchi. La finale a également son lot de gourmandises (rose des sables, gavottes), et la rétro-olfaction révèle des notes de prune. Un travail d’orfèvre, comme toujours avec les compositions de John Glaser.
Cette expression embouteillée dans la très reconnue gamme Habitation a été distillée uniquement en alambic pot still, alors que la grande majorité des rhums produits chez Foursquare sont des assemblages de rhums produits en column still et en pot still. Ce procédé en fait un Foursquare tout à fait iconoclaste sur la forme, mais également sur le fond. De nombreux amateurs de rhums vénèrent ce Foursquare parce qu’il est parcouru de séquences évoquant l’exubérance des rhums jamaïcains. Cela est tout à fait juste. À l’aveugle, les notes de mangues très mûres induiront à coup sûr de nombreux amateurs en erreur. Cependant, la grandeur de ce Foursquare réside dans le fait que, malgré ces incursions, son identité n’est jamais trahie. Le nez est d’une gourmandise foisonnante (gâteau au chocolat, baba au rhum) qui s’accompagne de notes empyreumatiques (sucre brûlé) et de colle Cléopâtre. En bouche, l’alcool est parfaitement intégré. Nous y retrouvons encore des mangues, puis des biscuits au beurre, de la noix de coco, de la brioche tressée, de la vanille, du bubble-gum… La finale apporte de la fraîcheur avec une jolie entame sur des notes de sirop de sucre de canne, introduisant des saveurs de jus d’ananas. Des notes de figues et de café trustent l’arrière-bouche. L’identité de Foursquare n’est jamais trahie, elle est même enrichie. Superbe !
SALVATORE MANNINO
On ne présente plus Highland Park, dont le regretté Michael Jackson (je ne parle pas du chanteur bien entendu) disait qu’il était « l’athlète le plus complet du monde des whiskies » (« The greatest all-rounder in the world of malt whisky »), c’est aussi l’une des 9 distilleries écossaises fondées au XVIIIe siècle et toujours en activité, ou encore l’une des 7, toujours en Ecosse, à utiliser des aires de maltage. Il n’est donc pas étonnant que Highland Park soit l’une des distilleries préférées des amateurs d’uisge beatha (et de votre serviteur).
Ce 1983 en est l’un de ses plus dignes représentants : le nez est ample, avec des notes de vieux cuir, de cire et de musc. On y distingue une tourbe sèche, suivie d’une viande piquée de clou de girofle, de thym, cuisant dans son jus dans lequel mijote également des carottes, bref, un plat à lui tout seul attendant qu’on le sorte du four. De subtiles notes d’eucalyptus et de camphre arrivent à se frayer un chemin à travers cette belle concentration aromatique. La bouche est épaisse, elle confirme le nez, avec des notes médicinales plus marquées (baume du tigre), du clou de girofle et de la réglisse, qui lui procure de la fraîcheur. Quant au sherry, il sert de liant à cette palette gustative qui ne cesse de prendre de la dimension au fur et à mesure de la dégustation. La finale est longue, sur le réglisse (cachou) et la tourbe.
Ce verre illustre parfaitement ce que voulait dire Michael Jackson, un whisky complet, robuste mais non dénué de finesse : un véritable décathlonien !
Dans cette gamme des Secret Stills, le négociant et embouteilleur indépendant Gordon & MacPhail ne cite jamais le nom des distilleries, cela à la suite d’un accord passé avec ces dernières, qui stipule l’absence de cette mention sur l’étiquette. Cependant, la provenance géographique et quelques indices laissés au dos de la bouteille donneront assez de pistes à l’amateur éclairé pour deviner la distillerie et c’est non sans malice que figure sur l’étiquette un point d’interrogation à l’envers qui évoque également un alambic.
Ce whisky, d’âge vénérable, présente un nez d’une surprenante fraîcheur, d’abord herbacé (menthe, lavande), il devient ensuite plus animal (ambre, musc). De la réglisse, enveloppée de bouffées de tourbe, précède des notes gourmandes d’aubergine grillée et d’olive noire confites au four. La bouche est à la fois fluide et riche, la réglisse domine, mais salée cette fois-ci, comme un clin d’œil à l’origine côtière de ce whisky. Le vieux cuir et le musc côtoient des épices (poivre noir et poivre de Sichuan), du marc de café et des écorces d’orange confites. De subtiles notes de Chartreuse verte apportent un côté médicinal et rafraîchissant. La finale est longue, sur la tourbe et la réglisse, toujours et encore.
Avec un tel descriptif, ce Secret still n’en est plus vraiment un, oserais-je dire…