Moon Import a été fondé à la fin des années 1970 par Pepi Mongiardino, employé par Pernod de 1970 à 1979. Son travail lui permet de sillonner l’Italie pour visiter les meilleurs restaurants, caves et bars de la péninsule et faire la promotion des produits Pernod. Quand l’entreprise cesse ses activités dans la péninsule, Pepi Mongiardino préfère rester dans son pays plutôt que d’aller travailler en France ou en Allemagne et, suite à une rencontre avec Silvano Samaroli dans un célèbre restaurant de l’époque, Cantarelli près de Parme, il décide de créer sa propre entreprise. Le nom de cette entreprise est une déformation du sien suivie de sa première activité, celle d’importateur : Moon Import.
A la recherche de distilleries dont il pourrait distribuer les whiskies, son choix se porte sur Bruichladdich. Le hasard veut qu’un Italien réponde à son appel et le lendemain, après une visite de la distillerie, l’affaire est conclue. Cette activité d’importateur se poursuit avec Tamnavulin et Tullibardine, dont Moon Import obtient la distribution après avoir cédé celle de Bruichladdich à un grand importateur de l’époque, Rinaldi.
Bruichladdich 1965 15 year old Royal Wedding
En 1982, riche des conseils prodigués par son mentor, Pepi Mongiardino commence à sélectionner des fûts auprès des distilleries qu’il visite puis de propriétaires particuliers. Ces premières séries - les demi-lunes et les alambics - sont suivies par les iconiques séries des oiseaux, des costumes, de la mer et des animaux dont il a trouvé les illustrations dans une encyclopédie allemande du XVIIIe siècle. A cette occasion, le degré d’embouteillage est arrêté à 46% là où les whiskies des premières séries étaient bruts de fût. Ces embouteillages, généralement tirés d’un ou d’une poignée de fûts, sont limités à quelques centaines de bouteilles.
Parmi les autres séries emblématiques de Moon Import, on peut citer les voiliers, De Viris Illustribus, Horae Solaris ou encore Menses. Les amateurs de rhums trouveront aussi quelques embouteillages à se mettre sous la dent. Moon Import représente parfaitement une certaine époque de l’histoire du whisky et plus particulièrement de l’histoire du whisky en Italie où le fond rejoint la forme grâce aux talents combinés de distilleries au fait de leur art et d’hommes de goût capables de sélectionner certains de leurs plus beaux fûts. Ces qualités se retrouvent chez d’autres acteurs de l’époque, embouteilleurs indépendants ou collectionneurs, dont j’espère pouvoir vous parler dans de prochains articles.
50%, 70cl, 1998, 1 300 bouteilles
Embouteillé dans la série Horae Solaris, ce Lagavulin occupe une place à part dans mon petit panthéon de cette grande distillerie d’Islay. Je l’avais dégusté dans un excellent bar à whisky de Roppongi sur les conseils du bartender qui m’avait reçu. C’était aussi ma première rencontre avec un embouteillage de Moon Import.
J’en garde le souvenir d’un whisky cristallin, d’une fraîcheur acidulée et d’une minéralité rarement rencontrées ailleurs si ce n’est peut-être dans certains Caol Ila ou Longrow et dans un autre Lagavulin 1988 sélectionné par un autre grand embouteilleur italien : Silvano Samaroli avec qui Pepi Mongiardino a réalisé la très colorée série Dreams en 1999. Un Lagavulin à contre-courant dont je recommande chaudement la dégustation.
45%, 70cl, 1999, 1 020 bouteilles
Puisque nous en parlions… Voilà un Caol Ila dans le texte qui ménage ses effets avec un équilibre subtil entre ses notes fumées et marines et une certaine douceur apportée par le vieillissement. L’ensemble est à la fois précis et onctueux. Les puristes me pardonneront mais je ne peux m’empêcher de penser que ce whisky doit faire des merveilles en highball ou en mizuwari.
Clément Gaillard, Golden Promise Whisky Bar.