Fondée en 1881 sur l’île d’Islay, à l’époque du grand essor du whisky de la fin de l’époque victorienne, la distillerie est exploitée successivement par plusieurs propriétaires jusqu’à sa mise en sommeil en 1995. Elle rouvre ses portes en décembre 2000 sous l’impulsion de Mark Reynier, Gordon Wright et Simon Coughlin, les “distillateurs novateurs des Highlands”, qui mettent l’accent notamment sur la provenance et le terroir. Elle est cédée au groupe Rémy Cointreau en juillet 2012.
Négociant en vins de formation, il a dirigé l’équipe qui a relancé la distillerie. Passionné, aux opinions bien arrêtées et déterminé à conserver l’indépendance de l’entreprise, il démissionne lorsqu’elle est rachetée par Rémy Cointreau. Il dirige aujourd’hui la distillerie de whiskey irlandais Waterford et a fondé une distillerie de rhum à La Grenade.
La distillerie a une capacité théorique de production annuelle de quelque 1,5 million de litres d’eau-de-vie. La production actuelle est d’environ 1 million de litres, principalement assurée par les équipements victoriens d’origine. Bruichladdich produit également un gin d’Islay réputé, The Botanist, distillé dans un alambic de type Lomond reconverti, et dont la recette fait appel à neuf substances aromatisantes traditionnelles et vingt-deux botaniques récoltés dans l’île.
Un très grand nombre de personnes a pris part à la renaissance de Bruichladdich, en particulier ces investisseurs durement éprouvés qui lui ont apporté leur indéfectible soutien financier au cours des premières années du redémarrage. Outre Mark Reynier, deux ileachs [insulaires d’Islay] ont joué un rôle central, à savoir Jim McEwan, distillateur, ainsi que le regretté Duncan McGillivray, distillateur, brasseur, ingénieur et directeur général de distillerie durant plus de quarante ans, décédé en mars dernier.
Distillerie bâtie à proximité de Bruichladdich sur la rive du Lochindaal, elle ferme ses portes en 1929 avant d’être démolie en grande partie. Le projet lancé par Bruichladdich de construire sur le site une nouvelle distillerie a été ajourné, mais son nom est utilisé comme marque désignant les whiskies très tourbés de la gamme Bruichladdich.
Le groupe Rémy Cointreau s’est révélé excellent propriétaire, investissant massivement dans la distillerie et soutenant son équipe de production en construisant de nouveaux chais, modernisant les bureaux et lui apportant son expertise marketing sur le plan mondial. Rémy Cointreau a récemment annoncé un projet d’approvisionnement énergétique exclusivement “vert” ainsi que la construction d’une nouvelle malterie sur site.
Selon Christy McFarlane, responsable de la communication : «Nous avons pour objectif de malter l’intégralité de notre orge, celle cultivée sur Islay, mais aussi l’orge bio provenant du mainland écossais et l’orge d’hiver à six rangs (escourgeon) cultivée dans les îles Orcades».
Sur une île isolée et économiquement défavorisée, l’emploi local revêt une importance cruciale. «Du magasinage dans les chais à l’embouteillage, en passant par la conception, la communication et les ressources humaines, poursuit Christy McFarlane, nous disposons sur l’île d’Islay d’une grande diversité de professions. Au dernier recensement, 86 de nos 105 employés résidaient sur l’île, et 50 d’entre eux ont moins de 40 ans». Bruichladdich est à l’heure actuelle le principal employeur du secteur privé dans l’île.
Un grand nombre d’éditions ont été commercialisées après la réouverture. Depuis, la gamme a été quelque peu rationalisée : elle se compose désormais de six malts non tourbés de marque Bruichladdich, de quatre expressions fortement tourbées de marque Port Charlotte et de quatre versions puissamment tourbées de marque Octomore. Octomore 10.4 est la plus récente expression commercialisée de la distillerie.
De nouvelles expressions étaient attendues pour ce printemps, mais leur commercialisation sera vraisemblablement retardée en raison de l’épidémie de Covid-19. Au moment de la rédaction du présent article, la distillerie était fermée aux visiteurs et la production suspendue.