Rapport d'enchères - Vente février 2022

Sur le papier, cette première édition de l’année laissait entrevoir une séance plutôt calme en raison d’une sélection rassemblant de nombreux lots bien connus des amateurs. La seule véritable interrogation semblait venir du Yamazaki 1998, « inconnu au bataillon ». Mais manifestement les cartes ont été redistribuées depuis novembre dernier et plusieurs lots se sont littéralement envolés quelques minutes, secondes, avant le « gong » final. Du suspense jusqu’au bout !

 

CHARTREUSE, une catégorie sur laquelle il faut compter 

En ce début d’année 2022, les Chartreuses font une entrée remarquée au sein de FSA. Et si la tendance se confirme, elles devraient s’imposer comme la quatrième catégorie la plus importante, après les whiskies, les rhums et les cognacs. Le nombre de bouteilles proposées sur cette seule vente est quasi égal à celui offert sur toute l’année 2021. Mais, plus remarquable, la qualité des versions et l’accueil dont elles ont bénéficié confirme l’attrait de cette catégorie auprès des enchérisseurs qui semblent être en attente de davantage de lots.

Ce sont les Tarragone 1973-1983 (3 304 €) et 1982-1989 (2 596 €) qui caracolent en tête des enchères et dépassent largement les estimations hautes. Dans les deux cas, à quatre mois d’écart (FSA Nov 2021), leur valeur passe du simple au double.

COGNAC, un dynamisme réel

Encore clivante au sein de nos enchères mais néanmoins dynamique en raison du volume proposé, la catégorie des Cognacs tire son épingle du jeu sur cette première édition de 2022, avec la quasi-totalité des lots pris. Hennessy, toutes qualités confondues, domine son sujet et reste la marque la plus convoitée avec la plus forte moyenne d’enchères par lot. Elle est talonnée par Remy Martin et sa cuvée Louis XIII qui reste, en valeur, le leader de la catégorie. A noter, l’entrée sur cette édition du cognac A.E. DOR qui manifestement n’a laissé aucun amateur indifférent.

RHUM, pas si sage

Avec trois fois moins de lots proposés que lors de notre vente de Novembre 2021, et une enchère maximale portée à 1 888 € (Caroni 20 ans 1998 Dennis X Gopaul Employee Edition Velier) contre plus de 17 700 € (Skeldon 1978 Velier) lors de cette dernière vente, la catégorie Rhum, en ce début d’année, semblait vouloir jouer l’apaisement. Mais ce fut une illusion d’optique, car si les lots étaient certes plus modestes, la bataille n’en fut que plus âpre.

C’est le lot La Favorite 2008 Cognac Cask n°6 qui s’adjuge nettement le nombre d’enchères le plus important et dépasse de très loin l’estimation haute (enchère à 590 €). Citons également une série qui ne fait pas trop parler d’elle mais qu’il faudrait regarder de plus près : Habitation Velier, avec trois lots remportés juste au-dessus de l’estimation haute et une vingtaine d’enchères portées en moyenne par lots.

Du côté des rhums agricoles, une petite passe d’arme a eu lieu autour d’anciennes éditions de Reimonenq, Domaine de Séverin et Bologne avec des enchères souvent au-delà de l’estimation haute.

WHISKY, toujours plus haut, toujours plus fort 

De nouveaux sommets au Japon : C’est le Japon qui une fois encore a fait parler de lui.

Avec d’un côté, une figure très populaire, Yoichi, qui avec un single cask #112112 millésimé 1986, positionne la distillerie et par extension le groupe Nikka Whisky, au rang des marques cultes et siège désormais aux côtés de Yamazaki, Hanyu, Karuizawa, Macallan, Bowmore, Springbank, Laphroaig et Ardbeg pour ne citer qu’elles. En Février dernier, Yoichi était justement qualifiée de « réservoir de valeur » tant son potentiel était encore non réalisé. Ce single cask (421 bouteilles pour le monde) destiné au marché Français (La Maison du Whisky), était vendu à sa sortie en 2008 à 252 € TTC. Il a été adjugé à 6 903 €.

De l’autre côté, c’est Karuizawa avec le single cask #8183 millésimé 1969, qui fait bouger toutes les positions sur la décennie 60 de cette distillerie. Un nouveau palier est franchi à 23 128 €, quand en novembre dernier ce même millésime n’avait pas atteint l’estimation haute de 14 160 €. Les mises en bouteilles de la décennie 60 sont rares. Seules une ou deux barriques furent proposées sur les millésimes suivants : 1963, 1964, 1965, 1967, 1968 et 1969.

Le 1960 (41 bouteilles pour le monde) lancé en 2013 à 15 900 € TTC flirte désormais avec le demi-million d’euro.

Enfin, grand habitué de nos enchères, Hibiki, le blend emblématique de la maison Suntory, vient de passer dans sa version de 17 ans de 448 € (une moyenne constante sur toute l’année 2021) à 672 €. Moins spectaculaire mais tout aussi parlant, Hibiki 21 conforte son positionnement à 885 € en moyenne contre 684 € sur le premier semestre 2021.

L’Ecosse reste sur ses positions : pour une fois, l’Ecosse a joué collectif, avec une répartition équitable de lots d’une distillerie à une autre et très peu d’invendus. Mais on note un certain essoufflement sur cette origine qui depuis 1995 est parvenue à un niveau de maturité et subit la concurrence de nouveaux segments et/ou catégories de spiritueux. On ne parle pas à ce stade de désintérêt, car les positions restent fortes sur les distilleries/marques « fleurons » de l’industrie écossaise, mais plutôt d’un ralentissement, même si certains flacons ont magnifiquement performé sur FSA 2022 #1, dont :

Bowmore 30 ans Ceramic Decanter, parti à 4 248 €. Il s’agit là d’un véritable palier atteint par ce flacon qui tout au long de l’année 2021 a stagné aux alentours de 2360 €.

Glenfarclas 35 ans 1959 Sherry Cask n°1814 Signatory Vintage, parti à 4 248 €. Difficile de parler de palier tant cet embouteillage est rare aux enchères. A noter cependant que son « sister cask » #1813 est parti à 2 950 € en novembre dernier.

Bruichladdich 32 ans 1967 Sherry Cask n°968 Signatory Vintage, parti à €2800. Même constat pour cette version sherry Cask de Signatory Vintage mise en bouteille en 1999 qui depuis plusieurs années stagne à environs 2 124 €.

 

Note : Les amateurs de single malts écossais sont, pour beaucoup, férus de whiskies japonais depuis 2005, mais aussi de rhums depuis 2015. Deux catégories qui, à dixans d’intervalle, sont venus alimenter et dynamiser le marché de la collection et des enchères. L’un après l’autre, ces deux segments/catégories ont offert, et offrent toujours, de très belles perspectives de réalisation de collections et de plus-values à court et moyen terme. Il est donc naturel qu’une partie des enchères se déplacent vers ces nouveaux eldorados, jusqu’à ce qu’un ré-équilibrage en valeur s’effectue, et remettent tout ce petit monde sur un pied d’égalité. A moins bien sûr qu’une nouvelle catégorie n’émerge d’ici peu. A suivre !