Œil du Golden Promise 9.2

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

Clément Gaillard

Port Ellen 32 ans 1979 11th Release

53,9%, 70cl, 2011

2 988 bouteilles

Parmi les Annual Releases de Port Ellen, la douzième - sur laquelle j’ai déjà eu l’occasion d’écrire - et la onzième ont mes faveurs. Le nez crie « Port Ellen » avec ses notes de pelure de pomme, de fruits à coque (noix, amandes) et sa tourbe fumée, goudronneuse et charbonneuse. La bouche est quant à elle plus tranchante avec des notes d’agrumes, d’huile d’olive - jeune, encore un peu vive - et de sel toujours portées par une fumée cendrée du plus bel effet. Une démonstration de ce que la distillerie sait faire de mieux.

 

Brora 32 ans

54,7%, 70cl, 2011

1 500 bouteilles

Ce Brora évoque un millésime particulièrement apprécié des amateurs de cette distillerie : 1972. Il en a l’austérité avec ses notes minérales, fermières, médicinales et tourbées. Le whisky est cireux à souhait et ses notes de fruits à chair blanche (pêche) et d’agrumes (citron) en font un Brora particulièrement tranchant et dynamique à la dégustation.

 

Salvatore Mannino

Port Ellen 24 ans 1982 La Part des Anges Closed Distilleries

58,7%,70cl

Fondée en 2005, la société de négoce française « La Part des Anges » réalise un véritable coup de maître en proposant en 2006, parmi ses tout premiers embouteillages, ce Port Ellen, vieilli en fût de sherry. En effet, cette version n’a rien à envier à celles proposées par les grandes Maisons écossaises comme Gordon & MacPhail ou encore Signatory Vintage. Les marqueurs de la distillerie d’Islay sont là : au nez, on retrouve la tourbe, la suie et le charbon, les cordages mouillés et le casier à homard. Ici tout évoque le retour de pêche et la fraîcheur de l’air côtier.  Le côté médicinal aussi, avec de légères notes d’absinthe. La bouche est riche et épicée (gingembre confit). On descend dans la salle des machines d’un bateau, tandis que le sel s’empresse de tapisser le palais et les lèvres. Puis c’est la visite d’un kiln, pour y croquer un grain d’orge séché au feu de tourbe. La finale est longue, maltée et tourbée. Un Port Ellen résolument marin.

 

Hakushu 18 ans

43%, 70cl

Fondée par Suntory en 1973, 50 ans après la distillerie Yamazaki, Hakushu, située au cœur des Alpes du Sud Japonaises, a été agrandie en 1977, devenant ainsi la plus grande distillerie de malt du Monde. En 1981, une nouvelle distillerie, plus moderne, a vu le jour sur le même site et les opérations de l’ancienne distillerie cessèrent. Les single malts d’Hakushu ont toujours vécus à l’ombre de ceux de sa grande sœur située près d’Osaka, et pourtant ils n’ont rien à lui envier, bien que dans un style différent. La version de 18 ans a été lancée en 2006 mais aujourd’hui elle se fait de plus en plus rare. On fait souvent référence à la tourbe pour cette distillerie, mais en fait, sa présence est tout en subtilité, comme le démontre l’exemple que nous avons ici. D’ailleurs s’il est un mot qui peut résumer ce 18 ans, c’est bien « subtilité ». Le nez est fin et délicat, on y trouve le citron confit, le musc et le poivre noir, des notes herbacées (sève, gentiane) sont complétées par la fraîcheur du gazon et de la menthe. La crème à la vanille et à l’estragon, saupoudrée de noix de muscade lui apporte de la gourmandise. La bouche est fluide et grasse, la tourbe y fait son apparition, mais d’une façon mesurée (pointe de suie et de bois calciné). Puis les notes acidulées d’agrumes enveloppés d’épices, un léger rancio et des herbes sèches complètent la palette gustative. La finale est longue et fraîche, avec toujours ces notes herbacées. Un whisky aux abords discrets mais d’une belle complexité.