Œil du Golden Promise 9.1

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

Clément Gaillard

Laphroaig 27 ans 1981

56,6%, 70cl, 2008, Oloroso Sherry Cask

736 bouteilles

 

Laphroaig et les fûts de sherry font souvent bon ménage. En voilà un bon exemple avec ce 1981 dont les arômes tourbés, marins et médicinaux (camphre) se mêlent harmonieusement aux notes de chocolat, de caramel et d’orange apportées par le fût. Un joli rancio souligne l’âge de ce Laphroaig toujours fringant. La bouche est aussi épaisse qu’intense, dans la continuité du nez, avec de nombreuses épices comme la cannelle ou le clou de girofle. Pour avoir pu goûter ce whisky à plusieurs reprises, il prend parfois des tonalités exotiques qui ne sont pas sans rappeler d’autres grands Laphroaig vieillis en fût de sherry comme le 1974.

 

Ardbeg 1972

49,2%, 70cl, 2004, Bourbon Hogshead #2781

216 bouteilles

Cet Ardbeg a toute la délicatesse des vieux whiskies d’Islay : sa tourbe est fondue, présente sans être écrasante. On retrouve aussi les jolies notes d’agrumes (citron confit, pamplemousse) si appréciées dans les Ardbeg distillés dans les années 1970. Les herbes sont aussi de la partie avec de belles notes de citronnelle et d’eucalyptus. L’équilibre de l’ensemble est remarquable et donne à ce whisky l’air d’une évidence.

 

Salvatore Mannino

Yamazaki 1993 The Private Cask

57,5%, 70cl, First fill Sherry Butt N°3T70070, For La Maison du Whisky

Les embouteillages de Yamazaki vieillis en fût de sherry déchaînent toujours les passions, tant leur qualité est incontestée. Mais que dire alors de ce 1993, dans la gamme des « Private Cask », embouteillé exclusivement pour la Maison du Whisky ! Ce sera d’ailleurs le dernier que Suntory proposera pour LMDW.  Je me rappelle encore comme si c’était hier de sa sélection : nous avions alors le choix entre 3 échantillons provenant de vieillissements en fûts de Bourbon et 3 autres en fûts de sherry, tous de grande qualité mais nous avions unanimement choisi celui-ci, tant sa dimension n’avait rien à envier avec l’animal qui allait figurer sur son étiquette !  La densité de sa couleur annonce celle de son nez : concentré et balsamique, il évoque l’orange sanguine confite, le musc et la caroube. La poudre à canon côtoie la racine de gingembre suivie de raisins secs, de prunes séchées et de réglisse (cachou). Massif et élégant en même temps : des notes de fenouil arrivent même à se frayer un chemin au milieu de cette densité, suivi de poivre de Setchuan, de bois de cèdre ainsi que de la lavande séchée. La bouche confirme le nez, avec une cascade de saveurs où chocolat au café, orange et fève de cacao dominent dans un premier temps, pour laisser ensuite la place à des notes balsamiques et médicinales (eucalyptus et réglisse).  Je vous l’ai dit : énorme … Comme un éléphant !

 

Chichibu The First Ten

50,5%, 70cl, 2020

Lorsque les premiers embouteillages de Chichibu sont arrivés en Europe, ce n’était pas encore du whisky, puisqu’il s’agissait de « newborn », âgés entre 3 et 16 mois. Je me rappelle encore la surprise créée par un distillat vieux d’à peine 5 mois et qui était pourtant bluffant de maturité ! A cette époque, on avait hâte de voir arriver le premier whisky de cette distillerie, véritable Mozart du genre, en se disant : si le newborn est déjà superbe, que va être son ainé ? L’arrivée en 2011, à l’occasion du Whisky Live Paris, de « Chichibu The First » confirmait toutes les attentes des fans de la première heure (dont je fais partie). Se posait alors une nouvelle question, générant encore plus de patience : comment allait être le futur 10 ans (âge qui pour beaucoup symbolise la maturité chez un whisky) ? Depuis, Ichiro Akuto nous a gratifié de nombreux embouteillages pour nous faire patienter jusqu’en 2020, date de l’arrivée de ce « First Ten » et ici encore, les promesses sont tenues.

Le nez est rond, délicat, se succèdent le miel d’Acacia, des pommes au four saupoudrées de cacao, des notes de sève et d’aloe vera. Floral, il devient plus épicé et fruité avec l’aération, sa palette olfactive semble infinie. La bouche est riche et épicée. Le miel y est mêlé d’estragon. Gourmande, elle évoque une génoise à la carambole et à la papaye confite, pour finir sur une vanille pralinée et des notes herbacées.