Oeil du Golden Promise 8.3

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

Clément Gaillard

Roger Groult Réserve Ancestrale

40%, 70cl

Calvados Pays d’Auge de haute volée, cette cuvée, la plus âgée de Roger Groult, se caractérise par des notes de tarte Tatin, d’épices (cannelle, noix de muscade) et par un boisé fondu et élégant. La pomme a été travaillée par les années ; elle a perdu de sa fraîcheur pour se faire plus douce, plus gourmande, plus belle.

 

Chartreuse Jaune (1972-1982)

43%, 70cl

Comme d’habitude avec les vieilles Chartreuses, nous ne pouvons jurer du goût de cette bouteille en particulier mais nous en avons goûté d’autres aux caractéristiques similaires. Aussi invitons-nous le lecteur à ne pas hésiter devant les notes fraîches, médicinales et épicées de cette bien nommée reine des liqueurs. Le temps lui confère un fondu et une finesse qu’on ne retrouve pas dans les jeunes Chartreuses, à la fois plus vives et plus sucrées.

 

Salvatore Mannino

Miyagikyo 10 ans

45%, 70cl

Voilà déjà un peu plus de six ans que Nikka a remplacé sa gamme de single malts provenant de ses deux distilleries par une version unique, sans âge, tant pour Yoichi que pour Miyagikyo. Nul n’ignore la crise de vieux stocks à laquelle sont confrontés les grands groupes de whiskies japonais et il faudra attendre encore des années avant de revoir sur les rayons des embouteillages avec mention d’âge. Aussi c’est toujours un plaisir de retrouver des exemplaires de cette gamme disparue en 2015, tel ce Miyagikyo de 10 ans, qui associe finesse et caractère. Le nez dévoile une cascade de fruits jaunes bien mûrs (pêche, mirabelle, nectarine), d’agrumes (citron, kumquat), suivi d’épices et de chocolat praliné. La bouche ample et épicée (plus que le nez ne laisse supposer) devient gourmande : tarte aux fruits au zestes de citron râpé puis Paris-Brest. La finale dévoilera une subtile note de tourbe. Un whisky complet.

 

Kawasaki 28 ans 1981 La Part des Anges Closed Distilleries

62,4%, 70cl, 2009

120 bouteilles

L’histoire de la distillerie Kawasaki est sans doute l’une des plus opaques qui soit : on sait qu’elle a vu le jour en 1947 et que dès cette période, du « whisky » y était produit, mais très probablement un ersatz loin des standards écossais. De même, on ne connaît pas la véritable teneur du « whisky de malt » élaboré à partir de 1958. Les choses se précisent lorsque son propriétaire, la Compagnie Sanraku Ocean (qui détient également la distillerie Karuizawa, soit dit en passant) décide d’y installer un alambic Coffey ramené d’Ecosse, afin de produire un whisky de grain (maïs en l’occurrence) et de l’assembler au malt de Karuizawa pour une création 100 % maison de blends. On ne sait pas exactement quand la distillerie a fermé ses portes, mais certainement dans la période de déclin de la consommation du whisky au Japon (fin 1980/début 1990). De même, on ne connait pas le sort de l’alambic Coffey qui s’y trouvait. C’est grâce à Ichiro Akuto (Chichibu), qui a pu mettre la main sur les tout derniers fûts de la distillerie, que l’on a accès aux très rares embouteillages de Kawasaki single grain (ils se comptent sur les doigts des deux mains à peine). Ce 1981 embouteillé par la société de négoce française « La Part des Anges » en est un beau témoignage.

Le nez est rond et vif en même temps. Le chêne, les épices, la vanille, la sève et la résine de pin s’y succèdent. Puis une pointe d’alcool laisse la place au caramel au lait et la poudre de cacao. Des notes plus subtiles de genièvre, d’huile essentielle de bergamote et de noix de muscade râpée apportent une dernière touche de finesse. La bouche est vive, on retrouve le chêne et les épices (poivre vert, piment), l’écorce d’arbre. Elle se fait plus gourmande (vanille, café-crème) pour conclure sur de belles notes herbacées. 28 ans mais une vivacité de prime jeunesse !