L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Stanislas Kindroz et Salvatore Mannino.
SALVATORE MANNINO
BOWMORE 1990 PRESTONFIELD, 20 ANS, FÛT N°1065, 50,7%, 294 bouteilles, Signatory Vintage pour LMDW.
Les années 1990 marquent un tournant chez Bowmore, avec une évolution dans le profil aromatique. En effet, après les distillats des années 1980, marqués par des notes de violettes qui ont fait tant parler, un tournant s’amorce, avec un rappel plus fruité, caractéristique qui a fait depuis toujours la réputation de la plus ancienne distillerie d’Islay. Cette version en est une belle démonstration.
Le nez est ample, rond, avec une tourbe fine, discrète et déjà, en arrière-plan, des notes de fruits exotiques (litchi). Gourmand (crème Chiboust), avec plus d’aération, le camphre (baume du tigre), les épices (poivre blanc) et une pointe d’anis font surface. Nous finissons sur la plage, avec des algues wakame et de la laitue de mer. La bouche confirme le nez : ronde, c’est un bel entrelac de tourbe légère et de fruits. Certes, nous ne sommes pas sur le même niveau d’exotisme des Bowmore des années soixante mais l’empreinte est bien là. La tourbe brille par sa discrétion, mais la distillerie est connue pour ne pas afficher des taux de phénol aussi élevés que ses voisines d’Islay, et c’est aussi pour cela qu’on l’apprécie. Sans oublier les notes épicées qui appartiennent à son ADN et qui relèvent sa palette gourmande (crème vanillée). La fin de bouche nous ramène sur les bords du Loch Indaal, avec sa touche iodée et herbacée. La finale est longue, iodée, avec de très subtiles notes florales.
Voilà un Bowmore d’une belle générosité, tout en restant simple : mais a-t-on besoin de plus ?
LAPHROAIG 16 ANS, 1995, SIGNATORY VINTAGE, 100% PROOF, 100 YEARS OF CHEERS, HARRY’S NEW YORK BAR
Ce fût de Laphroaig a été sélectionné par l’équipe du New York Harry’s Bar Paris pour célébrer les 100 ans d’existence de ce lieux mythique ouvert dans la capitale en 1911. Embouteillé à 57,1%, la mesure britannique « 100 proof » est mentionnée sur la bouteille pour faire écho à l’anniversaire.
Le nez est d’une belle rondeur, la tourbe entrelace des notes de fruits exotiques et de caramel au réglisse « Batna ». Puis le citron vert, tandis que les notes médicinales chères à Laphroaig se font ici discrètes, le bâton de réglisse, autre marqueur de ce single malt, lui se révèle. Vient ensuite une glace au lait aux accents d’orge maltée et tourbée ainsi que la fleur d’oranger, ce qui lui donne un côté gourmand et exotique indéniable (loukoum). La bouche est riche, vive. Un feu de tourbe et quantité de malt grillé nous emmènent sur l’aire de maltage de la distillerie et à proximité de son kiln. Une véritable ode à l’orge maltée ! Les agrumes font leur apparition (citron confit, pamplemousse blanc), ainsi qu’une touche de sarriette. La finale est longue, on mâche encore l’orge séchée au feu de tourbe. Voilà un anniversaire fêté bien dignement.
LAPHROAIG 21 ANS, 1990, THE WHISKY AGENCY/LMDW, EX-BOURBON HOGSHEAD, 51,4%, 157 bouteilles.
Un autre Laphroaig, cette fois-ci embouteillé par le négociant allemand The Whisky Agency, fondé par Meike Schneider et Carsten Ehrlich, autrefois responsable de la célèbre boutique Mara, qui était située à Limburg, ville qui revêt chaque année son titre de capitale mondiale du whisky collector, lors de son non moins fameux festival.
Le nez est frais et étonnamment doux, la tourbe y est subtile, des notes sucrées d’orge et de fruits (poire) prenant les devants. Emprunt d’exotisme (ananas confit) et épicé (poivre blanc), au fur et à mesure de l’aération, des notes de phénol et de grésil font surface, on passe devant une étable avant de finir en cuisine où nous attendent des Marshmallow, du lait d’amande et du Mouhalabieh (dessert Libanais). Un interlude herbacé vient amplifier la fraîcheur, avant l’arrivée de notes iodées qui nous rappellent l’emplacement de la distillerie. La bouche est fluide, grasse, plus relevée (poivre vert) que ne laisse supposer le nez. La tourbe y est plus présente aussi et on retrouve le caractère médicinal cher à Laphroaig. Cependant, le côté lacté et gourmand du nez réapparaît ensuite, apportant beaucoup de rondeur en fin de bouche. La finale est longue, avec une légère amertume herbacée loin d’être désagréable.
Voici résolument un visage inédit de Laphroaig, qui nous montre à quel point ce whisky peut nous surprendre (et dans le bons sens). Certains aspects exotiques ne manquent pas de nous rappeler les superbes versions des années 1970 et 1980.
Sous le nom de Mosstowie se cache un whisky élaboré par la distillerie Miltonduff durant les années 1960 et 1970. Pendant cette période on y utilise des alambics d’un type nouveau, dénommés « Lomond » afin d’y produire un distillat différent répondant aux besoins des maisons d’assemblage. Cette innovation a d’ailleurs également concerné, sur quasiment la même période, la distillerie Glenburgie propriété du même groupe d’alors, Hiram Walker (ici aussi, le nom avait été changé : Glencraig). Autant dire que rares sont les versions de ce whisky embouteillé en tant que single malt, et Signatory Vintage a eu l’excellente idée de mettre la main sur quelques fûts, pour notre plus grand plaisir à tous. Cette version en est un très bel exemple.
Le nez est d’une grande fraîcheur, c’est une balade au cœur d’un verger : coing, poire fraîchement pelée, nectarine, le tout saupoudré d’épices douces (muscade, fève de cacao râpée). Gourmand (vanille de Madagascar), aromatique (thym séché), il évolue sur des notes herbacées (sève, écorce d’arbre). Exotique (pitaya), il repart sur des épices plus relevées (poivre blanc, baies de genièvre) pour finir sur des notes lactées (amande émondée, café-crème). La bouche est fluide, épicée (poivres vert et noir) et veloutée en même temps. Puis la vanille enrobe le palais pour préparer l’arrivée en cascade de fruits (coing, poire Guyot) avec toujours cette note herbacée de sève qui la tonifie. La finale est assez longue, douce et sèche.
Voilà une page d’Histoire qui mérite amplement d’être consultée !