Oeil du golden promise 25.1

 

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Stanislas Kindroz et Salvatore Mannino.

 

STANISLAS KINDROZ

 

BOWMORE 1967 Of. Selected Sherry Casks Auxil Import 43 % 

 

 

Le premier nez de ce Bowmore est abondamment fruité, par ses parfums d’ananas, de mangue, de mirabelle et de kiwi. Il déborde d’onctuosité et dévoile petit à petit une fine salinité. Puis, une minéralité aux tonalités marines (coquillages) et organiques (charbon de bois) apparaît. L’attaque en bouche affirme encore plus l’expression fruitée de ce Bowmore. Des notes de nectarine, de brugnon, de mangue et de pêche se succèdent avec beaucoup d’allant. Le milieu de bouche hausse encore d’un ton le niveau de la dégustation par son caractère épicé (gingembre, muscade, girofle). Enfin, une troisième séquence gustative émerge, nous renvoyant à des notes de Xérès marquées notamment par des saveurs de raisins secs, qui tendent progressivement vers la réglisse. C’est absolument superbe. Fraîchement iodée (huîtres), la finale renoue avec un champ aromatique que la bouche avait délaissé. Elle se montre également torréfiée (café) et gourmande (tarte aux mirabelles). Elle clôt la dégustation avec beaucoup d’amplitude. Réduire ce Bowmore - et par extension tous les Bowmore des années 1960 - à leur dimension fruitée serait une grossière erreur. Ce 1967 importé par Auxil pour le marché français possède bien d’autres facettes, qui font de Bowmore une véritable idole des sixties.

 

STRATHISLA 1967 40 years Gordon and MacPhail Single Cask #6112 50 %

 

 

Ce fût unique de Strathisla a été mis en bouteille en 2007 pour La Maison du Whisky. Herbacé et capiteux (rose blanche), le premier nez est à la fois ferme et aérien. Par la suite, des notes de liqueur d’herbes aromatiques, de pages de papier journal, de pierre, de feuilles de tabac et de terre cuite soulignent la complexité et le caractère de ce Strathisla. La bouche est véritablement automnale. Très “old-school” par sa dimension cireuse, l’attaque en bouche devient juteuse par de fringantes notes de fruit de la passion. Puis, la bouche fait des aller-retours entre des séquences fraîches (orange, pastille à la menthe, anis) et plus chaleureuses (thé à l’hibiscus, crème de marron, noisette). La fin de bouche apporte son grain de sel à la dégustation. Lancée par des notes de clémentine, l’entame de finale évolue ensuite vers des notes de noix, de tabac et de betterave. Ensuite, un boisé inédit d’un toucher soyeux apparaît. La rétro-olfaction évoque le parfum d’un vieux livre resté longtemps fermé dans une bibliothèque. Décidément, ce Strathisla est un whisky pour les amateurs nostalgiques de malts caractériels.

 

SALVATORE MANNINO 

 

GLENFARCLAS 1968, Family Cask, 51,0 %, fût N°699, Private Selection N°2, selected by Luc Timmermans.

 

 

Le nez ample et généreux, est une avalanche d’arômes qui se bousculent : musc, papier d’Arménie, caramel à la mangue, pulpe d’orange confite, patine pour meubles, mousse de capuccino et gingembre fraîchement râpé. Au fur et à mesure de l’aération, viennent se greffer des notes herbacées (sève, graine de fenouil), ainsi que de la cannelle et du bois précieux. Envoûtant ! 

La bouche est gourmande, grasse, tout aussi généreuse que le nez : Toffee au café et au gingembre, orange confite, Bénédictine et bâton de cannelle. Elle devient exotique (kaki séché, curry doux), délicatement ranciotée et encore plus gourmande (capuccino saupoudré de noisette). La finale est longue, boisée et épicée.

Un grand Glenfarclas (un de plus je dirai) et un fameux millésime ! Un vieillissement maîtrisé et une vivacité qui masque son âge. Mais pouvait-on s’attendre à autre chose d‘un fût sélectionné par le plus grand amateur (et collectionneur) de Glenfarclas ? Merci Luc pour m’avoir fait découvrir ce merveilleux whisky qui, une quinzaine d’années après, m’éblouit toujours autant ! 

 

BOWMORE 36 ans 1972, Prestonfield Signatory Vintage/LMDW, Refill Sherry Butt N°3881

 

 

 

Les Bowmore des années 1960 marquent toujours les esprits, occultant ceux des décennies suivantes. Mais force est de constater que les versions distillées dans les années 1970 ne manquent pas de charme. Certes, le côté exotique de Bowmore est plus réservé, mais quelle complexité et quelle présence ! Ce 1972, embouteillé pour La Maison du Whisky, en est un parfait exemple.

Le nez, fin, est d’une belle fraîcheur. Fruité (melon de Cavaillon bien mûr), on y trouve de la pomme d’ambre mais aussi une fumée qui, bien que subtile, rappelle certaines charcuteries fines et poivrées (speck). D’ailleurs, les épices se font plus présentes (poivre, clou de girofle) au gré de l’aération. On reste dans la subtilité avec des notes de camphre qui enrobent des fleurs séchées (roses) et du papier d’Arménie. De manière surprenante, les notes délicates arrivent à contenir celles plus puissantes. Enfin, des effluves de saumure se dégagent, mais ici encore, tout en retenue, juste pour nous rappeler que le Loch Indaal vient lécher les rives de la capitale de l’île d’Islay.  

La bouche est ample, fluide, son touché est cireux. Elle confirme le nez. Ici c’est un parfum digne des plus grandes Maisons parisiennes qui envahit le palais, ponctué d’épices (poivre vert et sichuan). La tourbe et la suie viennent apporter un côté plus gras, plus animal (lard de Colonnata). Le boisé y est mesuré et délicat.

La finale se veut rafraîchissante, avec ses notes d’eucalyptus, du poivre, encore et toujours, et de l’huile essentielle d’orange. Enfin, des notes tourbées et salines nous transportent inexorablement vers la reine des Hébrides !