Oeil du golden promise 24.2

 

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Stanislas Kindroz et Salvatore Mannino.

 

STANISLAS KINDROZ 

 

KARUIZAWA 1984 Number One Drinks Vintage Single Cask n°8173 - bottled 2014 Ex-Bourbon Cask :

 

 

Ancien fût de bourbon, réellement ? C’est plus compliqué que cela. Il est arrivé à Karuizawa que des whiskies en train de vieillir dans des anciens fûts de Xérès soient transvasés dans des anciens fûts de bourbon parce que la distillerie avait besoin de fûts de Xérès. Cela explique la robe très foncée de certains ex-Bourbon cask. Le nez est extrêmement concentré et demande de l’aération. Parmi les premières notes aromatiques, nous trouvons du charbon de bois, de la réglisse et du zeste d’orange. Cette complexité aromatique se prolonge dans le temps : des notes de viande de bœuf cuite, de noix de coco, de mine de crayon à papier et mangue se succèdent. Le nez nous indique que ce Karuizawa est impossible à mettre dans une case, et la bouche en fera tout autant. Grasse et riche, la bouche dévoile dans un premier temps des notes de café noir, de noisettes et de cannelle. Dans un deuxième temps, la palette gustative s’ouvre sur des saveurs épicées (poivre), fleuries (violette) et chaleureuses (bouillon de légume). La fin de bouche, sur le chocolat fondu et la réglisse, appuie la dimension concentrée de la dégustation. L’entame de finale est animale. Elle évoque le cuir. La gourmandise prend la suite, avec des notes de gavottes et de caramel au beurre salé. Cette dernière note fait saliver le palais. Puis, la finale redevient animale jusqu’à ce qu’elle s’éteigne. Cette version a le caractère insaisissable des grands Karuizawa. À la dégustation, il faut veiller à lui accorder beaucoup d’aération. Celle-ci lui confère beaucoup de noblesse. Sinon, vous risquez de passer complètement à côté de ce whisky.

 

UITVLUGT 17 ans 1997 Velier Barrels ULR - One of 1 404 - bottled in 2014 :

 

 

ULR pour Uitvlugt Light Rum. C’est ce qui était inscrit sur les fûts qui sont entrés dans l’assemblage de cette version, embouteillée pour le négociant italien Velier en 2014. Celle-ci est-elle si light que cela ? À peine versé dans le verre, cet Uitvlugt exhale des notes d’huile de moteur. Mais, le réduire à sa dimension organique serait une erreur. Le nez est également fruité (noix de coco), gourmand (sucre glace, sirop d’érable), empyreumatique (pain trop grillé) et boisé. Notons que l’alcool est très bien intégré. Le temps d’une seconde, le caractère organique perçu au nez apparaît également lors de la mise en bouche. Mais, cette flaque d’huile de moteur disparaît aussi vite qu’elle est arrivée pour laisser la place à un océan de gourmandises : café, mousse de lait et noix de coco forment une magnifique première séquence gustative. Par la suite, des notes de lavande et de sirop de sucre de canne apparaissent. La bouche est marquée par une très jolie tension. La finale est très belle, marquée par des notes de vanille et de vernis qui retranscrivent très bien la dualité de la dégustation. Alors, light ?

 

SALVATORE MANNINO

 

BUSHMILL’S 1989, 32 ANS, Port Cask, fût 6096, « Conquête », 50,1%

 

 

Ce whiskey issu de l’une des plus anciennes distilleries irlandaises est un digne représentant du style de l’île verte : à savoir une pleine corbeille exubérante de fruits ! Son nez est ample et riche, déversant quantité de fruits mûrs et exotiques (pêche jaune, mangue, papaye, kaki) : aucun doute, nous sommes bien en Irlande. Puis, de discrètes notes de musc, de la pomme d’ambre (orange piquée de clous de girofle) et du papier d’Arménie nous invitent à un voyage bien au-delà de la Chaussée des Géants. Les liqueurs d’agrumes suivent (liqueur Mandarine Napoléon Bénédictine), au fur et à mesure de l’aération, des épices (poivre vert et gris) et de la sève apportent encore plus de fraîcheur. La bouche, ronde et vive, confirme en tout point le nez, c’est un véritable déluge de fruits exotiques ! La gourmandise gagne en amplitude avec du tiramisu saupoudré de cacao. De l’orange sanguine confite, du clou de girofle et des notes herbacées rajoute de la complexité. La finale est longue, douce, sur le nectar de fruits et un sabayon aux fruits jaunes. Vieilli intégralement en fût de Porto, jamais le malt n’est dominé par le précédent locataire du tonneau, au contraire celui-ci le magnifie et prouve que Bushmill’s n’usurpe pas sa troisième place d’Irish Whiskey le plus vendu dans le monde !