Œil du Golden Promise 16.3 (2023)

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

 

Clément Gaillard

 

Glen Scotia 33 years 1977 Signatory Vintage The Prestonfield Cask n°2749 - One of 177

Ce Glen Scotia embouteillé en 2011 pour La Maison du Whisky est le dernier de la gamme Prestonfield, créée par Andrew Symington quand il travaillait au Prestonfield House d’Édimbourg et poursuivie après la fondation de Signatory Vintage en 1988. Il se caractérise par un style très côtier avec des notes huileuses, médicinales (sirop, goudron, essence de térébenthine) et salines (crustacés, algues) prononcées. Quelques fruits à coque (amande, noisette), des épices douces (cannelle, cardamome, badiane) et un peu de fumée complètent le tableau. L’ensemble fait preuve de beaucoup de pureté avec un style « à l’ancienne » très séduisant.

 

 

Vieux Vaval & Casimir 4 years 2017 Of. Grands Terroirs Vavaillon & Baradères bottled 2021 Whisky Live Paris 2021

 

Cette édition sortie pour La Maison du Whisky en 2021 fait preuve de beaucoup finesse, préservant le caractère unique des clairins tout en le transformant avec un vieillissement virtuose en fût de sherry. Ce dernier vient se mêler aux notes de canne à sucre qui signe le style « agricole » de ce rhum, lui apportant des notes oxydatives de fruits à coque (noix), de chocolat, de caramel, de café et de fruits (abricot sec, griotte). Une légère amertume réglissée et fruitée (orange amère) vient contrebalancer son exotisme (ananas, banane) généreux et épicé (cigare, cannelle, poivre, piment). Preuve que les clairins, aussi beaux soient-ils dans leur jeunesse, vieillissent très bien.

 

Salvatore Mannino

 

Old Pulteney 1969 Of. Sherry Butt Cask n°4195 LMDW Limited Edition

Pulteney est l’une des distilleries les plus septentrionales d’Ecosse, située sur le bord de mer, dans la ville de Wick, connue, durant la fin du XVIIème siècle et jusqu’ au XVIIIème siècle, comme la capitale de la pêche au hareng. Son whisky, Old Pulteney, est surnommé la « Manzanilla du Nord » en référence à son caractère sec et salin évoquant le sherry du même nom. Cet embouteillage, sélectionné par la Maison du Whisky, affirme résolument son origine maritime, même après avoir passé une bonne trentaine d’année dans un fût de Sherry.   

Sa couleur, d’un bel acajou, donne déjà le ton, en effet, le nez est riche et dense, incroyablement chocolaté. Mais on y distingue aussi des notes réglissées et florales (lilas). Voilà un whisky qui nécessite du temps pour dévoiler ses secrets : c’est alors qu’on y distingue un léger fumé ainsi qu’une salinité. La bouche est suave, véritable chocolat liquide qui se déverse pour enrober un pain d’épices (écorce d’orange confite, gingembre confit), le rendant dangereusement gourmand-Incroyable ! La finale est longue, toujours sur des notes chocolatées et pralinées, pour laisser enfin des cristaux de fleur de sel sur le bout des lèvres… Dangereux, je vous dis ! 

 

Westport 1997 Wilson & Morgan Barrel Selection Sherry Wood Butts n°3358-59 - bottled 2014 Limited Edition

Voilà un blended malt qui est en réalité pratiquement un single malt (à plus de 99%). Nous sommes en effet ici devant un bel exemple de « teaspooning », cette pratique consistant à rajouter dans un fût contenant un single malt, une toute petite quantité (littéralement une cuillère à café) d’un autre single malt. Ceci à l’initiative de la distillerie auquel appartenait le fût en question, lorsqu’elle ne veut pas que son nom apparaisse sur l’embouteillage de la maison de négoce qui l’a acheté. Sur le fond, le goût ne change absolument pas, mais dans la forme, on ne peut plus appeler ce whisky single malt et encore moins y mentionner sa provenance d’origine. On lui donnera alors un autre nom, en l’occurrence ici « Westport », pour un Glenmorangie « teaspooné » par du Glen Moray.

Le nez relève d’emblée des marqueurs propres au vieillissement en fût de sherry : de l’orange confite, du shortbread au gingembre. On décèle une pointe mentholée qui le rafraîchit au passage, puis, de la cire d’abeille : on pénètre dans une vieille bibliothèque remplie de grimoires tout aussi vénérables. La bouche est riche, on retrouve l’orange confite ou plutôt son écorce, de l’abricot, de la noix et du gingembre : un vrai cake aux fruits. Une note herbacée (menthe) vient alléger le tout. La finale fait la part belle aux fruits secs (raisins de Corinthe, abricot), puis des notes pralinées et un boisé agréable viennent conclurent. Vous en reprendrez-bien une autre cuillère mon cher ami ? Une belle réussite provenant de ce fameux embouteilleur italien (comme son nom ne l’indique pas).