Oeil du Golden Promise 13.2

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

 

Clément Gaillard

 

Skeldon 32 ans 1973 Velier

60,5%, 70cl, 2005, SWR, 544 bouteilles

Comme le fameux 1978, ce Skeldon impressionne par son caractère fruité avec de nombreuses notes de fruits rouges (cerises, fraises) et de fruits secs (raisins de Corinthe, dates). Le bois est évidemment très présent (bois de santal), de même que les notes de café, de tabac brun, de chocolat noir et de fruits à coque torréfiés (amandes, noix, châtaignes). En bouche, la texture est épaisse et résineuse et le rhum fait preuve d’une longueur hors du commun. Ce Skeldon nous rappelle un grand Barolo, intense mais délicat, imposant mais envoûtant.

 

Caroni Ballas "Brigade" Bhaggan 1998 Full Proof Heavy Rum

68,4%, 70cl, 2020, 1 158 bouteilles

Voilà un Caroni sans concession qui mise tout sur un boisé intense et épicé (clou de girofle, poivre) et des notes de chocolat amer complétées par un caractère empyreumatique (cigare, feu de cheminée). Les agrumes apportent beaucoup de nuances à l’ensemble, entre l'acidité fruitée d’une orange sanguine et la légère amertume d’un pamplemousse. Un Caroni qui ne manque certes pas de caractère mais pas de finesse non plus.

 

 

Salvatore Mannino

 

Glen Grant 5 ans 1967

40%, 75cl, Giovinetti Import

 

C’est une véritable idylle qui a démarré dans les années 1960, entre Glen Grant et l’Italie, par l’entremise de son importateur transalpin, Armando Giovinetti. Cette relation privilégiée perdure encore d’ailleurs, et le rachat en 2006 de la distillerie par le groupe Campari, a scellé, si je puis dire cette union. Pour la petite histoire, lorsque l’équipe italienne de rugby a intégré le tournoi des 6 Nations en 2000, elle était sponsorisée par Glen Grant !

Cette version de 5 ans (on notera la mention « Highland Malt » sur l’étiquette) reflète bien le profil très frais recherché alors par les amateurs locaux : au nez, l’OBE (old bottling effect) lui donne de la rondeur ainsi que des notes de miel d’acacia. La poire, le coing et la pomme verte nous promènent au cœur d’un verger, tandis qu’un air de paille nous emmène dans les champs, juste après la moisson. Exotique (carambole), il acquiert beaucoup de fraîcheur au fur et à mesure de l’aération, avec des notes herbacées (jonc d’eau), mais aussi poivrées. La bouche est ample et suave, elle confirme le nez, par ses notes fruitées, et devient de plus en plus gourmande (guimauve au litchi). Le tout est saupoudré de poivre, ce qui lui donne du relief. La finale est longue, épicée et fraîche.

 

Hanyu 2000 Tay Back Chiang « Her Eyebrow »

59,9%, 70cl, 2014, Hogshead American Oak #957, For La Maison du Whisky

 

Un bel exemple de ce qu’a pu produire la distillerie, avec une palette aromatique et gustative contrastée et surprenante, qui ne laisse jamais le dégustateur indifférent. Le nez est ample et vif, des notes de sous-bois côtoient le nougat et les amandes caramélisées. Une pointe d’alcool rend l’aération nécessaire pour l’apprivoiser. Puis on arrive sur un aspect plus concentré avec du fond de veau et du romarin. Le retour dans les bois se fait par l’intermédiaire de notes de chêne et de sève.  La bouche est puissante et épicée, l’attaque est vive, on retrouve le chêne et le poivre. Le milieu de bouche rappelle un alcool de sorgho aromatisé à la rose. Les fruits (nèfles, litchi) et l’amande émondée viennent adoucir le palais. La finale est longue, sur la sève et les épices. Je vous l’avais annoncé, Hanyu ne joue pas dans la simplicité.