Oeil du Golden Promise 12.2

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

Clément Gaillard

 

Hibiki 30 ans

43%, 70cl

 

 

Ce vénérable Hibiki séduit immédiatement par sa patine (cire, miel) et ses notes fruitées (abricot, mirabelle, orange). Le bois est remarquablement bien intégré et délivre un élégant bouquet d’épices (gingembre, noix de muscade, clou de girofle). On retrouve cette impression en bouche même si le boisé se fait peut-être un peu plus intense, toujours marqué par les épices et une touche de menthe. Voilà un blend d’une finesse et d’une complexité rares qui prouve une fois de plus la maîtrise incomparable de l'assemblage chez Suntory. 

 

Bowmore 22 ans 1965 Prestonfield

43%, 75cl, Sherry Wood

 

 

Du haut de ses 43%, ce Bowmore ne manque pas de complexité. On y trouve les habituelles notes de fruits exotiques (mangue, ananas) qui font la marque des Bowmore de l’époque mais aussi une myriade d’agrumes (orange amère, pamplemousse, kumquat) et de fruits du verger (abricot, prune). Il se distingue aussi par une dimension tertiaire (cuir, café), tourbée et légèrement herbacée qu’on trouve rarement avec une telle intensité dans les Bowmore des années 1960, souvent dominés par le fruit.

 

Salvatore Mannino

Hanyu 15 ans Final Vintage

46,1%, 70cl, 3 710 bouteilles

 

« The Final Vintage » fait référence à la dernière année d’activité de la distillerie, qui n’en a pas comptées tant que cela. En effet, Hanyu n’a commencé à produire du whisky, à proprement parlé, qu’en 1985, puis épisodiquement au fur et à mesure du besoin des stocks, la fièvre de consommation du whisky au Japon étant tombée depuis quelques années déjà. Au printemps 2000, les alambics reprennent donc du service après 8 années de silence, avec Ichiro Akuto (le petit-fils du fondateur de la distillerie) qui intègre alors l’équipe de production. Mais le marché du whisky ne montrant aucun signe de reprise, la Compagnie ne peut espérer survivre et la distillerie fermera ses portes cette même année.  Cet embouteillage revêt en quelque sorte un caractère testamentaire.

Même si ce n’est pas le plus virulent des Hanyu, on y retrouve tous les marqueurs de la distillerie, sous des aspects plus contenus : le nez est vif et rond, avec des notes maltées. Des arômes de bouillon de veau renvoient au caractère animal dont Hanyu peut se parer. La bouche est vive, poivrée avec une tourbe légère, enrobée de vanille. La finale est longue, épicée et maltée. Voici un Hanyu qui est une bonne entrée en matière pour ceux qui ne connaissent pas la distillerie.

 

Komagatake Yakushima Aging 2015

60%, 70cl, LMDW

 

Depuis sa réouverture en 2011, la distillerie Mars Shinshu ne cesse de nous offrir des embouteillages de qualité et ce, malgré leur jeune âge (mais les Japonais nous ont habitué à cela depuis un moment déjà). Le propriétaire, la Compagnie Hombo Shuzo, disposent de trois sites de maturation à travers l’archipel nippon, chacun se trouvant à des latitudes différentes : la distillerie se trouve en Préfecture de Nagano, au centre de l’île de Honshu (la plus grande des îles), d’autres chais (et depuis 2016 une nouvelle distillerie, Tsunuki) sont situés sur l’île de Kyushu, au sud de l’archipel et enfin, un troisième site sur l’île de Yakushima (à 300 km au sud de Kyushu). 3 îles, avec chacune des températures et des niveaux d’humidité différents, qui impactent forcément sur la maturation des fûts qui y séjournent. Mars Shinshu s’offre donc le luxe de produire, à partir d’un même distillat ayant rempli le même type de fûts, trois profils distincts.

Cet embouteillage fait partie d’une trilogie sélectionnée par la Maison du Whisky qui illustre bien ce cas de figure et je serai bien incapable de choisir parmi les trois, tant le niveau de chacun est relevé. Celui-ci provient du fût qui a vieilli sur l’île la plus au sud. Le nez est vif mais propose aussi des notes gourmandes de crème à la vanille au citron, saupoudrée de noix de muscade. Viennent ensuite la carambole et le malt, avec de légères notes de camphre, contribution de la tourbe. Puis il devient herbacé (ortie, anis) et floral, ce qui apporte de la fraîcheur. La bouche puissante, démarre sur la même vivacité que le nez, mais cette fois les notes herbacées, avec une légère amertume (mais agréable), prennent les devants.  La vanille suit, enveloppée de tourbe discrète, ce qui donne un toucher plus gras. La finale est longue, sur les épices (poivre) et un voile de tourbe. A noter que l’ajout d’un trait d’eau rend la bouche plus huileuse et médicinale.