L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.
Clément Gaillard
Caroni 16 ans 1998 Velier 33rd Release High Proof Heavy
55%, 70cl, 2014
3 850 bouteilles
J’aime ce Caroni, affectueusement surnommé « No Smoking » par les amateurs en référence à la photographie de l’étiquette, pour son équilibre et sa finesse. On y retrouve bien sûr les notes d’hydrocarbure qui font la marque de cette distillerie mais elles sont ici intégrées à un ensemble plus vaste et nuancé avec des aspects fruitées (ananas, banane), mentholées et iodées. Chez cette distillerie connue pour la puissance et le caractère inimitable de ses rhums, celui-là s’impose discrètement comme une référence.
Foursquare 2006 Velier
62%, 70cl, 2016, Bourbon Cask & Cognac Cask
2 400 bouteilles
Cet embouteillage a marqué le début d’une riche et longue collaboration entre Luca Gargano et Richard Seale. Fidèle aux habitudes de la distillerie, c’est un mélange de rhums distillés en colonne et en pot still. Le trait dominant de cette édition réside dans sa gourmandise, incarnée par des notes de cappuccino, de caramel et de noix de coco. On retrouve aussi quelques épices douces (pain d’épices), du tabac blond et une pointe de menthe. Un coup de maître.
Salvatore Mannino
Yoichi 1988 Single Cask Heavily Peated
62%, 70cl, #1002015, For La Maison du Whisky
427 bouteilles
Il fallait oser laisser vieillir pendant 25 ans ce Yoichi dans un Butt (fût d’environ 500 l.) de chêne neuf, qui plus est, avec une version bien plus tourbée que d’habitude. Mais une fois de plus, Nikka nous démontre leur maîtrise, non seulement dans la distillation mais aussi dans la maturation, car à mon avis, ce Yoichi 1988 est probablement le meilleur fût de la distillerie sélectionné par La Maison du Whisky, depuis sa collaboration avec la Compagnie Japonaise. Le nez est rond et équilibré, la tourbe et la vanille ouvrent le bal, suivis de citron vert, d’épices (badiane, noix de muscade) et de bâton de réglisse. Le boisé est maîtrisé et laisse même apparaître des notes florales (pivoine, lilas). La bouche est onctueuse, fruitée (fruits des bois), avec de belles notes de bois précieux, d’épices et de tourbe. La finale est longue, tourbée et épicée. Un whisky tout simplement énorme, où le chêne a joué son rôle sans jamais donner dans la démesure. On en redemande.
Port Charlotte 14 ans 2002 Rest & Be Thankful
58,6%, 70cl, Sherry Hogshead #329, For La Maison du Whisky
258 bouteilles
Fondée en 2012, la Compagnie Rest And Be Thankful a commencé par sélectionner et embouteiller des Bruichladdich, ainsi que ses versions tourbées Port Charlotte et Octomore : quoi de plus naturel quand on sait que son fondateur a été l’une des personnes à l’origine de la réouverture de la distillerie en 2001. La distillerie Port Charlotte, qui était située dans le village du même nom, a fermé ses portes en 1929 et n’existe plus, mais la maison de l’ancien distillateur ainsi que des chais sont toujours là pour témoigner. C’est en hommage à cette distillerie voisine que Bruichladdich a décidé d’utiliser son nom pour ses versions tourbées, en référence au style du Port Charlotte d’alors (connu aussi sous le nom de Lochindaal). D’ailleurs elle y fait vieillir certains fûts dans les chais d’origine. J’adore cette version pour sa générosité, le fût de sherry, bien que plus petit que d’habitude (on parle ici de Hogshead, d’une capacité de 250 litres, soit de moitié), n’a pas emmitouflé le caractère malté du whisky. Son nez est délicat, la fumée et la tourbe y est discrète. Minéral, avec une belle pelleté d’orge maltée, puis des écorces d’orange confites pour nous rappeler son type de vieillissement. La bouche est généreuse, gourmande (la tourbe y est chocolatée), vanillée et maltée à souhait. Des notes de fruits secs (dattes) et d’orange confite font écho au nez. La finale est longue, iodée et se prolonge indéfiniment sur la fumée de tourbe.