Œil du Golden Promise 10.2

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.

 

Clément Gaillard

Blair Athol Over 25 Years 1988 Artist #4

57,3%, 70cl, 2014, 2nd Fill Sherry Butt #6857, Batch #2, Signatory Vintage for La Maison du Whisky

559 bouteilles

Voilà un whisky tout en délicatesse et au caractère printanier. On trouve notamment des notes de fraise et de mirabelle ainsi qu’une orange restituée dans toute sa complexité dans un mélange de sucrosité, de légère acidité et d’amertume. On relève aussi des notes de miel et de pomme qui peuvent évoquer certains calvados. Cet équilibre subtil entre douceur et amertume donne à ce whisky un caractère presque mélancolique.

 

Salvatore Mannino

Yoichi 20 ans

52%, 70cl

Le plus âgé (et le plus élevé en degrés) de la gamme classique des Yoichi fut lancé sur le marché par Nikka en juillet 1999, cette même gamme qui allait s’arrêter en 2015 pour faire place à un unique embouteillage sans mention d’âge, laissant de nombreux amateurs désabusés. Pour moi, Yoichi a souvent évoqué une balade en forêt après la pluie et cette version n’y déroge pas. Le nez est rond et dense, épicé et fumé. La mousse, la fougère et les aiguilles de pin nous emmènent effectivement sur les sentiers forestiers, ainsi que des notes animales (cuir). Puis des zestes d’oranges, du poivre de Sichuan et des baies roses. Enfin les notes camphrées d’embrocation siamoise viennent apporter une touche médicinale. A l’aération le nez devient de plus en plus subtil. La bouche est grasse et épicée (poivre noir, Sichuan). De discrètes notes exotiques (goyave) se mêlent à de la suie, puis on repart sur les épices et les chemins de forêt. La tourbe est mesurée, jouant un rôle de support à cette palette gustative. La finale est longue, saline, sur le poivre, la tourbe et l’herbe sèche. Malgré son degré, que de finesse et d’équilibre. C’est beau d’avoir 20 ans !

 

Port Ellen 1978 Rare Malts

60,9%, 70cl

Pour tout amateurs de whisky, la gamme des Rare Malts évoque forcément une collection incontournable, tant elle a su proposer sur ses dix années d’existence (1995-2005) des embouteillages provenant de distilleries restées confidentielles (encore aujourd’hui). C’est dans cette gamme qu’on trouvera les rares embouteillages officiels de certaines distilleries fermées à jamais. Pour ce qui est de ce Port Ellen, il s’agit de l’un des tout premiers représentants officiels (si l’on fait exception de l’embouteillage rarissime réalisé à l’occasion de la visite de la Reine Elisabeth II, en 1980), et c’est aussi l’une de mes versions préférées - tout embouteillages confondus - car elle reflète l’identité type de Port Ellen, un pied sur terre et un pied dans la mer. Le nez nous fait déjà prendre le large avec ses embruns marins, la tourbe est mesurée. Puis des agrumes (citron, cédrat) et des notes herbacées : racine de gentiane, la salicorne et le fenouil sauvage, ainsi que du grésil. Puis on revient sur la tourbe, en passant par une étable. Le caramel au réglisse nous apporte le côté gourmand. La bouche est riche et vive ! la fumée de tourbe enrobe les algues saupoudrées de poivre noir. Le milieu de bouche s’épaissit, devient huileux et résolument marin. Médicinale (Homéoplasmine), elle se rafraîchit avec des notes de menthe poivrée. La finale est longue, tourbée et épicée. Un grand Port Ellen.