La Scotch Malt Whisky Society

La Scotch Malt Whisky Society

 

Club privé qui occupe une place particulière dans le monde des embouteilleurs indépendants, la Scotch Malt Society propose des embouteillages d’exception à ses seuls membres depuis les années 1980.

 

Fondation

La Scotch Malt Whisky Society (SMWS) fut fondée en 1983 par un groupe d’amis : Russell Hunter, acteur, David Alison, entrepreneur, W. Gordon Smith, écrivain, Ben Tindall, architecte, et Philip « Pip » Hills, comptable de son état, grand amateur de whisky ayant visité de nombreuses distilleries. Le principe de la Society repose sur un principe singulier qui fera sa signature dans le monde des spiritueux : sélectionnant des fûts chez différentes distilleries, la SMWS propose exclusivement ses embouteillages – uniquement des single cask bruts de fût – à ses membres, moyennant un abonnement annuel. Son ambition est ainsi résumée : seek out whisky in its purest form, prize flavour above everything else and give each bottling a curious name. [Rechercher le whisky dans sa forme la plus pure, faire passer le goût avant tout le reste et donner un nom étrange à chaque embouteillage.] Pip Hills avait un faible pour les Glenfarclas élevés en quarter cask de sherry dont il faisait l’acquisition directement auprès de la famille Grant. Aussi, le premier embouteillage de la Scotch Malt Whisky Society (1.1) est-il un Glenfarclas 8 ans 1975 vieilli en fût de sherry.

Pip Hills, fondateur de la Scotch Malt Whisky Society

 

Le bouche-à-oreille faisant son œuvre et la SMWS attirant rapidement de nouveaux membres, Hills développa commercialement le club, pour proposer de nouveaux embouteillages tous les mois. L’année de sa création, la SMWS prit ses quartiers dans le Vaults de Leith à Édimbourg, auparavant occupé par J G Thomson (Caledonian Breweries) ; elle ne l’a plus quitté depuis. Les whiskies étaient sélectionnés par un petit panel d’experts (cinq ou six personnes) qui se réunissait chaque semaine.

 

Développement et rachat

En 1995, Hills quitta son poste de directeur et la SMWS devint une entreprise privée. Des actions furent proposées aux membres et l’argent levé fut utilisé pour acheter un deuxième centre pour la SMWS sur Greville Street, à Londres, suivi en 2004 par un troisième sur Queen Street, à Édimbourg. La même année, la SMWS fut rachetée par Glenmorangie, propriété du groupe LVMH.

Le Vaults de Leith, à Édimbourg

 

En 2008, à l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire, la SMWS changea la forme de ses bouteilles et produisit des notes de dégustation plus détaillées. En 2015, Glenmorangie, peinant à trouver la place de la SMWS dans son portefeuille, la revendit à un groupe d’investisseurs en 2015, entraînant une autre refonte en 2017.

 

Organisation de la gamme et codes Des embouteillages codés

Si la distillerie d’origine n’est pas précisée sur les embouteillages, chaque bouteille est identifiée par un code à décrypter. Les codes sont organisés de la manière suivante : le premier chiffre désigne la distillerie, le second l’embouteillage. Par exemple, 29.4 se lit ainsi : 29 est le numéro de la distillerie Laphroaig et 4 signifie qu’il s’agit du quatrième embouteillage de Laphroaig par la Scotch Malt Whisky Society. Initialement motivé par les réticences des Grant à voir le nom de leur distillerie (Glenfarclas) apparaître sur les étiquettes des embouteilleurs indépendants, ce système s’est révélé adapté à un environnement de plus en plus protecteur – pour ne pas dire protectionniste – de la part des marques, moins enclines à vendre leur whisky à des négociants, a fortiori à les autoriser à mentionner leur nom. Notons qu’il existe parfois plusieurs codes pour une même distillerie produisant plusieurs marques. Springbank a ainsi trois numéros pour Springbank (27), Longrow (114) et Hazelburn (126).

Les numéros 1 de chaque distillerie sont particulièrement recherchés par les collectionneurs, les premiers numéros correspondant  souvent à des whiskies distillés dans les années 1970, une période charnière durant laquelle l’industrie s’est modernisée et les distilleries ont produit des whiskies particulièrement qualitatifs. . Les prix étant généralement fixés selon l’âge, plus que selon le prestige de la distillerie, ces premiers embouteillages contiennent souvent de jeunes whiskies illustrant parfaitement les styles de l’époque. Ils sont particulièrement difficiles à trouver car peu de gens en faisaient collection au moment de leur sortie et la plupart de ces bouteilles ont vraisemblablement été bues. Aussi n'apparaissent-elles que très rarement aux enchères. On trouve aussi quelques raretés comme les seuls embouteillages de Lomond (98.1 et 98.2), le lomond still d’Inverleven, un Brora 1976 (61.1) très tourbé ou un Clynelish 1965 (26.1).

Spécialiste des embouteillages de single casks écossais brut de fût, la SMWS  a élargi ses sélections à l’Irlande avec le numéro 50 (Bushmills) puis au Japon avec le numéro 116 (Yoichi). Depuis, d’autres pays ont rejoint ses collections, de même que d’autres catégories comme les whiskies de grain identifiés par la lettre liminaire G, les bourbons (B), les cognacs (C), ou encore les rhums (R). Les assemblages ont aussi fait leur entrée parmi les embouteillages de la SMWS, portant des noms évocateurs comme Exotic Cargo, Peat Fearie ou Spice Cannon.

 

Les plus anciens embouteillages sont les plus laconiques, mentionnant seulement  le mois et l’année de distillation et d’embouteillage, le taux d’alcool, le volume et le numéro de fût, c’est-à-dire le code de la Society. Sont ensuite apparues de petites descriptions imagées, souvent amusantes. Les embouteillages récents sont aussi ornés d’un code couleur correspondant à des profils aromatiques comme Oily & Coastal ou Spicy & Dry et à un certain niveau d’intensité, à l’exemple des trois nuances de vert, respectivement Lightly Peated, Peated et Heavily Peated. Ces précisions témoignent de la volonté de la SMWS de se démocratiser en offrant davantage de clés de compréhension aux amateurs. D’un petit club de spécialistes aux idées avant-gardistes et décalées, la Society est devenue un embouteilleur indépendant reconnu du plus grand nombre, largement diffusé grâce à ses différentes antennes dans le monde.

Les différents profils aromatiques

 

Dégustations

 

 

 

116.10 18 ans 1987 Scotch Malt Whisky Society

52,2 %, 70 cl, 2006

Ce Yoichi fait preuve de beaucoup d’énergie avec de puissantes notes médicinales (baume), fumées (Lapsang Souchong, viande fumée) et salines dans un style qui rappelle les whiskies d’Islay tels qu’ils étaient il y a un demi-siècle. On retrouve aussi les notes de prune et de pelure de fruit (pomme, poire) typiques des Yoichi. L’évolution renforce son caractère médicinal sur des notes de menthe et d’eucalyptus. Un whisky sans compromis, d’une parfaite cohérence.

 

61.5 19 ans 1977 Scotch Malt Whisky Society

59,4 %, 70 cl, 1996, 216 bouteilles

1977 est un millésime souvent porté sur la tourbe chez Brora, sans atteindre toutefois l’intensité d’une version de 1972. Ce fût est dominé par les notes médicinales (camphre, onguent, antiseptique), fermières et cireuses qui font la signature de Brora. Le sel, la fumée (charbon, pierre à fusil) et le zeste de citron apportent une grande fraîcheur et une belle minéralité, évoquant certains rieslings alsaciens. Enfin, les notes mentholées, épicées (curry) et même viandées,  font toute l’originalité de cette expression qui demeure pourtant fidèle au style de la distillerie.