L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Salvatore Mannino et Clément Gaillard. Chaque nouvelle vente sera l’occasion de partager leurs impressions sur les bouteilles qu’ils auront sélectionnées dans le catalogue.
Situé dans le quartier Montorgueil à Paris, le Golden Promise est à la fois un bar à cocktails et à whisky. Plus de 1 000 embouteillages, dont certains presque introuvables, sont proposés dans cette cave aux allures de speakeasy.
Karuizawa 1967 Cask No° 6426 58,4%, 70cl
Les Karuizawa 1968 et 1969 qui m’étaient passés entre les mains m’avaient laissé le souvenir de whiskies étonnamment ronds et approchables pour leur âge et leur taux d’alcool, comme si les années leur avaient apporté une sorte de bonhomie. Aussi ai-je été un peu désarçonné par le caractère beaucoup plus intimidant de ce 1967 dont la complexité vertigineuse me laisse encore pantois quand j’y repense. Sans viser l’exhaustivité, disons qu’on y trouvera de superbes notes de bois précieux, d’encens, de cuir, de viande séchée, de cigare, de réglisse, de chocolat amer, de clou de girofle, de menthe et d’absinthe… Serge Valentin évoquait aussi très justement les vieux Pu-erh, ces thés fermentés produits dans le Yunnan, en Chine. Une expérience limite qui ne plaira pas à tout le monde mais un des plus beaux whiskies qu’il m’ait été donné de déguster. Encore merci à celui qui m’en avait offert une fiole..
White Horse 43%, 70cl, B.A.P. Import
On aurait tort de bouder les vieux blends, surtout quand il y a du Lagavulin dedans. Je n’ai pas goûté cette version mais j’ai de très bons souvenirs d’autres éditions sorties à peu près à la même époque. Le malt ne s’y cache pas et la tourbe est bien là, à peine adoucie par quelques notes de fruits secs que nous devons probablement à l’influence du sherry. En bouche, la texture est huileuse et le whisky prend un caractère poivré et viandé avec une finale sur l’orange amère. Bref, pensez aux vieux blends, ils vous le rendront bien !
Ardbeg 19 ans Traigh Bhan Batch 1, 46,2%, 70cl, 2019
L’arrivée d’un Ardbeg âgé est toujours un évènement, d’autant plus lorsqu’il est réalisé en cuvée offrant un nombre abordable de bouteilles. On ne présente plus l’une des plus mythiques des distilleries d’Islay, si son caractère puissant a contribué à sa renommée auprès des amateurs de malt fortement tourbés, c’est ici une version plus sage qui nous est proposée. En effet, la tourbe y est mesurée et laisse parler de belles notes citronnées. Le côté fumé s’affirme de manière plus nette mais pour mieux préparer le terrain aux notes cacaotées apportées par le vieillissement en fût d’oloroso.
Chichibu The First, 61,8%, 70cl, 2011
Présenté dans le catalogue LMDW 2012, sa sortie en France a fait l’effet d’une petite bombe. Les rares privilégiés (dont je faisais partie) qui avaient pu goûter au "new born" âgé seulement de quelques mois, sorti en 2008, étaient impatients de découvrir le premier whisky réalisé par la petite distillerie du même nom. On était alors loin de se douter que Chichibu allait écrire un nouveau chapitre important de l’histoire du whisky japonais et qu’il allait inspirer plus tard une nouvelle vague de distilleries artisanales nippones. Bluffant à plus d’un titre, ce trois ans allie puissance et finesse, l’orge maltée règne en maître, accompagné d’un flot d’épices et d’agrumes, des notes herbacées rafraîchissent le palais. Superbe.