Oeil du Golden Promise 27.2

 

 

 

L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Stanislas Kindroz et Salvatore Mannino.

 

 

SALVATORE MANNINO

 

PORT ELLEN 20 ans, 1978, RARE MALTS, 60,9%

 

 

Pour tout amateurs de whisky, la gamme des Rare Malts évoque forcément une collection incontournable, tant elle a su proposer sur ses dix années d’existence (1995-2005) des embouteillages provenant de distilleries restées confidentielles (encore aujourd’hui). C’est dans cette gamme qu’on trouvera les rares embouteillages officiels de certaines distilleries fermées à jamais.

 

Pour ce qui est de ce Port Ellen, il s’agit de l’un des tout premiers représentants officiels (si l’on fait exception de l’embouteillage rarissime réalisé à l’occasion de la visite de la Reine Elisabeth II, en 1980), et c’est aussi l’une de mes versions préférées -tout embouteillages confondus- car elle reflète l’identité type de Port Ellen, un pied sur terre et un pied dans la mer. Le nez nous fait déjà prendre le large avec ses embruns marins, la tourbe est mesurée. Puis des agrumes (citron, cédrat) et des notes herbacées : racine de gentiane, la salicorne et le fenouil sauvage, ainsi que du grésil. Puis on revient sur la tourbe, en passant par une étable. Le caramel au réglisse nous apporte le côté gourmand. La bouche est riche et vive ! la fumée de tourbe enrobe les algues saupoudrées de poivre noir. Le milieu de bouche s’épaissit, devient huileux et résolument marin. Médicinale (Homéoplasmine), elle se rafraîchit avec des notes de menthe poivrée. La finale est longue, tourbée et épicée. Un grand Port Ellen.

 

 

BENRINNES 21 ans, 1974, RARE MALTS, 60,4%

 

 

Située aux pieds du mont haut de 840 mètres qui lui a donné son nom, le whisky produit à la distillerie Benrinnes n’a été que rarement embouteillé par ses propriétaires (Diageo), et pour cause, car son profil atypique pour un Speyside, charnu et sulfureux, en fait un composant idéal pour les assemblages. Créée en 1826, complètement ravagée par des inondations en 1829, la distillerie a été du coup délocalisée à quelques kilomètres plus loin, sur son emplacement actuel. Mais le sort s’acharne sur Benrinnes puisqu’en 1896, c’est un incendie qui la détruit en bonne partie, nécessitant une remise en état importante. En 1956, elle est entièrement reconstruite, plus rien ne subsistant aujourd’hui des anciennes structures. Dès lors une triple distillation partielle, à l’instar de Springbank, est pratiquée et ce jusqu’à la première décennie des années 2000. Cette version des Rare Malts est le second embouteillage officiel, après un 15 ans, sorti dans la gamme des Flora & Fauna, en 1991.

 

Le nez est rond et frais, l’herbe fraîchement coupée y côtoie des notes fruitées (prune blanche). On y détecte aussi de légères notes soufrées, signature du caractère robuste du distillat. La paille humide et les céréales nous transportent dans les champs, juste après la récolte. Enfin, du bouillon de volaille poivré maintient cette atmosphère campagnarde et confirme le profil atypique de ce whisky. La bouche est vive, puissante et épicée mais le haut degré d’alcool est bien intégré. Le touché est gras et les notes herbacées viennent fluidifier sa corpulence. On retrouve le caractère fermier du nez et ce côté bouillon de viande. La finale est longue, épicée (poivre, baies de genièvre) et maltée. Quelle personnalité ! On comprend sans mal que Benrinnes soit recherché par les maîtres-assembleurs, tant il offre une ossature solide et généreuse.

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