L’œil du Golden Promise, c’est l’occasion d’aborder les flacons présentés sur finespirits.auction sous un nouvel angle grâce aux experts du Golden Promise Whisky Bar : Clément Gaillard et Salvatore Mannino.
Clément Gaillard
Yoichi 12 ans 70th Anniversary
58%, 70cl, 2004
Sorti en 2004 à l’occasion du 70e anniversaire de Nikka, ce Yoichi 12 ans se démarque par sa puissance et une certaine austérité. Il est porté par une tourbe médicinale et cireuse (baume, onguent), véritable signature de la distillerie, et il développe des notes de tabac (cigare), de cuir et de viande séchée. Quelques agrumes (mandarine, orange) et une touche de caramel au beurre salé complètent le tableau. Simple mais redoutablement efficace.
Miyagikyo Limited Edition 2019
48%, 70cl
Marqué par le sherry, ce Miyagikyo semble vouloir faire la synthèse de ce que sait faire la distillerie. Il est composé de whiskies des cinq dernières décennies, dont le premier millésime de la distillerie : 1969. On y trouve des traces de tourbe, de fumée et un caractère légèrement médicinal (camphre). Dans un registre plus gourmand, on remarque aussi des notes de fruits secs (raisins de Corinthe), de prunelle, de cuir, de caramel au beurre salé et de chocolat. La cire d’abeille est aussi de la partie et le bois est parfaitement intégré. Un coup de maître et un rappel que Miyagikyo n’a pas grand chose à envier à sa grande-sœur Yoichi.
Salvatore Mannino
Bowmore 1994 Berry Bros & Rudd
54,5%, 70cl, 2008, #1685, LMDW
Voilà un Bowmore qui sort des sentiers battus. Bien qu’étant un whisky de l’île d’Islay, le malt qui est produit n’est généralement pas un monstre de tourbe et peux même faire preuve d’un exotisme exubérant, ce qui a contribué d’ailleurs à son mythe. Ici, c’est un whisky corpulent qui nous est proposé, où suie et tourbe donne de la matière, le tout relevé de belles notes poivrées chères à Bowmore, sans oublier le caractère salin qui nous rappelle son origine insulaire.
Lochside 1981 Gordon & MacPhail
56,1%, 70cl, 2009, Refill Sherry Hogshead #803, LMDW
La distillerie, fondée en 1957 par le célèbre Joseph W. Hobbs (propriétaire déjà de Ben Nevis), commence par produire du whisky de grain. Quatre ans plus tard, on y produira également du malt, faisant de Lochside l’une des rares distilleries écossaises capable d’élaborer des blends en leur sein. Après deux ans de fermeture, en 1973 elle passera sous pavillon espagnol, devenant la propriété de la compagnie Destilerias y Crianza del Whisky et alimentera son blend local. Malheureusement, celle que la maison de négoce Murray Mc David surnommait « la Springbank de l’Est » fermera définitivement ses portes en 1992 à la suite de la crise du « Whisky Loch ». Cette version de chez Gordon & MacPhail offre toute la palette aromatique et gustative chère aux amateurs de la distillerie dont je fais partie : un nez délicat et exotique (fruits de la passion), d’une belle ampleur (miel). Il devient floral (iris) et légèrement camphré. La bouche offre des fruits jaunes et exotiques pour passer ensuite à des notes réglissées et légèrement fumées. La finale est d’une longueur impressionnante, sur les épices et le fruit. Comment a-t-on pu fermer cette distillerie (et d’autres) ?