Le 20 novembre 2020 s’ouvrait la première vente aux enchères de Fine Spirits Auction, une vente en ligne sur la plateforme finespirits.auction dédiée au monde des spiritueux, née de l’association de deux sociétés françaises leader dans leur domaine : iDealwine (leader de la vente de vins en ligne) et La Maison du Whisky (spécialiste de la distribution de whiskies et de spiritueux en France et en Europe).
Pour celles et ceux qui ont suivi de près cette première édition, son déroulement fut à l’image d’une étape du Tour de France. Après un départ tout en douceur où chacun est resté groupé au sein du peloton, campé sur ses positions, nous avons assisté à une superbe échappée à quelques minutes de l’arrivée.
Le maillot jaune a été remporté haut la main par le japonais Yamazaki 25 ans 1984, adjugé à 12 744 € (TTC), suivi par son confrère Karuizawa 1981 Cask#7924 à 4 366 €, talonné par The Macallan 1997 Cask#432 à 3 068 €.
Mais la surprise vient du single malt MacPhail 16 ans 1973, qui remporte le maillot vert de cette édition pour le nombre d’enchères reçues, 23 enchères, ex-æquo avec le Glen Scotia 20 ans 1991 Wilson & Morgan.
Quant au maillot à pois, nous pourrions le remettre à deux concurrents arrivés ex-æquo au terme d’une bataille acharnée, Springbank 26 ans 1974 Cask#153 et Macallan 1970 G&M Cask#8326 (pour La Maison du Whisky) à 2 360 € et 17 enchères chacun.
Sur un peu plus de 360 lots proposés, pas moins de 55 lots étaient des whiskies japonais. Seul 5 d’entre eux n’ont pas trouvé acquéreur. Cette catégorie est plus que jamais plébiscitée des collectionneurs. Il s’agit d’un produit qui bénéficie de la confiance des vendeurs comme des acheteurs quant à sa capacité à générer de la valeur d’une part, et à ne pas en perdre de l’autre. En atteste la présence de produits récemment introduits sur le marché, encore disponibles auprès de certains revendeurs professionnels et pourtant déjà aux enchères. Si l’attrait est incontestable, les cours ne s’envolent pas systématiquement, et 50% des lots ont été adjugés à la valeur de mise à prix].
Autre catégorie qui se comporte comme une « valeur refuge » : les rhums. Deux distilleries, deux styles, deux modes de productions se sont ainsi distingués lors de cette première vente : La Favorite, pour les rhums « à la française » et Caroni pour le style « anglais ».
Sur les vingt-six lots de rhums proposés, dix d’entre eux représentaient la France et ce qui se fait de mieux en matière de rhums agricoles : Neisson, Clément, La Favorite, Karukera, Bielle. Dans le cas présent, La Favorite porte très bien son nom que ce soit en termes de prix d’adjudication ou de nombre d’enchères reçues : La Favorite (La Flibuste) 1988 a été adjugée à 767 € avec une vingtaine d’enchères réparties sur deux millésimes.
ême constat pour les rhums de style anglais avec dix lots proposés et l’omnipotence de Caroni, qui en impose tant par le nombre de lots que par le nombre d’enchères reçues. Enfin, la distillerie Foursquare de la Barbade est à surveiller tant elle semble emboiter le pas de Caroni.
Avec plus de 220 lots présentés, l’Ecosse reste le plus grand pourvoyeur d’opportunités, qu’il s’agisse de collection ou de dégustation. Il faut distinguer tout d’abord les blends des malts, et au sein de la catégorie des malts, les distilleries incontournables.
Sans surprise, les blends et blended malts restent en queue de peloton malgré la présence de quelques pépites, dont le Dalvegan 10 ans et le C&J Mac Donald’s 8 ans. Les raisons ? Une surabondance de cette catégorie en général, une méconnaissance des produits et certainement quelques préjugés. Mais pour celles et ceux qui ont osé enchérir, se trouve à la clef de très belles découvertes olfactives et gustatives. A noter cependant que la production de la société Compass Box représentée par son whisky de grain Hedonism se distingue au sein de la catégorie et semble disposer d’un réel potentiel de collection.
Également sans surprise, le top cinq (classement par ordre décroissant en valeur) remporté par les embouteillages de distilleries dits « officiels » : The Macallan, Port Ellen, Highland Park, Brora et Glenmorangie, confirmé pour les deux premiers par les versions de négoce proposées par Gordon & MacPhail, Hunter Laing et Signatory Vintage. A noter : une répartition des lots équilibrée entre les Highlands, le Speyside et Islay, à raison d’un tiers chacun.
Les États-Unis sont toujours aussi performants et la domination de Van Winkle ne se dément pas. Les whiskies français, avec Domaine des Hautes Glaces et Michel Couvreur, sont de la partie. Seuls les whiskey irlandais et taiwanais restent en retrait.
Un bémol sur la catégorie des cognacs qui ne performe pas aussi bien qu’elle le devrait sur cette première vente du fait de prix de départ élevés au vu de la forte concurrence des ventes de fin d’année. Les ventes de gin et de vodka, encore balbutiantes, devraient progressivement trouver leur public.
En revanche, les Chartreuses sont clairement plébiscitées. Avis aux vendeurs !