Entre la Grande Bretagne, Islay, le Japon, Trinité et Tobago, la Jamaïque ou encore les Antilles françaises, cette dixième vente de Fine Spirits Auction met en lumière les territoires insulaires mythiques du monde des spiritueux. Elle donne également la part belle à des distilleries fermées, telles Karuizawa et Caroni. Enfin, cette édition 2022 devrait marquer les esprits et les annales en renouant avec l’effervescence que suscite tous les ans, le Feis Ile, sur l’île d’Islay. C’est dans ce contexte que s’ouvre, ce vendredi 13 mai, notre prochaine édition de Fine Spirits Auction, avec plus d’un tiers des lots proposés issus des distilleries d’Islay.
JAPON : Difficile de ne pas mentionner les whiskies japonais (plus de 10% des lots présentés) avec, pour cette édition, un petit chef d’œuvre jamais distribué en France, le Karuizawa 1976 Kamiasobi – Haoromo Cask #6719. Ce single cask sorti en 2009 fait suite au fût de 2008 Karuizawa 1977 Kamiasobi – Ama The Fisher Girl cask #7026. Ces deux éditions forment une paire en raison de leurs étiquettes qui, au sein de la gamme NOH, rompent avec le caractère figé des masques.
Autres versions rares dans l’Hexagone présentée sur FSA #10 :
MACALLAN ANNIVERSARY MALT : Parmi les gammes qui ont fait le succès de The Macallan à partir de 1980, Anniversary Malt tient une place prépondérante. Introduite en 1983 avec le millésime 1957, elle lance simultanément le 50 ans millésimé 1928 et fait mouche !
Anniversary Malt couvre tous les millésimes de 1957 à 1975, même si le millésime 1959 semble avoir fait l’objet d’un vatting avec le 1958. Le millésime 1958 est un millésime à part au sein de la gamme. Il se décline en deux versions. La version la plus répandue est le The Macallan 25 ans Anniversary Malt 1958-1959 qui couvre la période de distribution de 1984 et 1985. La seconde est le The Macallan 25 ans Anniversary Malt 1958 dont les flacons les plus courants aux enchères proviennent le plus souvent de l’importateur Giovinetti (Italie) ou du marché britannique. Ces deux embouteillages montrent une évolution majeure en termes de packaging chez The Macallan, avec l’introduction du bouchon liège qui sera, à partir des éditions suivantes, la règle. Ces deux versions existent donc en bouchon à vis et capsule or (les plus courantes) ainsi qu'en bouchon liège, particulièrement pour le marché britannique, mais elles restent très rares !
Pas moins de cinq éditions sont proposées au cours de cette vente dont :
RHUMS : Concernant les rhums Caroni & Demerara (plus de 10% des lots présentés), les points d’attention seraient la gamme Caroni Employee, une petite collection au sein de la collection, composée de seize étiquettes dont sept sont ici proposées, parmi lesquelles les deux premières éditions lancées en 2018 :
Les rhums Plantation de la maison Pierre Ferrand sont trop rares dans nos enchères pour ne pas être remarqués, lorsque quelques flacons surgissent à l’improviste. Impossible de passer à côté de Plantation 36 ans 1984 Pierre Ferrand Extrême n°4 Mark MMW, une mise en bouteille de 2020 pour la France, issue de la distillerie jamaïcaine Clarendon aussi connue sous le nom de Monymusk. Une édition partie en quelques heures au moment de son lancement, plébiscitée des collectionneurs mais aussi des dégustateurs (90points++/100).
Après deux années de festivités passées « en ligne » en raison du Covid, l’île d’Islay célèbre de nouveau pleinement le Feis Ile, qui attire chaque année des milliers de passionnés de malt tourbé. Plus de deux cents flacons d’exception, originaires de l’île, sont proposés dans cette dixième édition de FSA.
FOCUS – LES DISTILLERIES DU SUD DE L'ÎLE : Voici donc un petit tour des distilleries du sud de l’île et quelques pépites à ne pas manquer au cours de cette dixième édition de FSA.
ARDBEG : Ces quinze dernières années ont été marquées par la sortie de nombreuses éditions limitées dites « NAS » (No Age Statement, sans mention d’âge) dont certaines ont, depuis, fait leur entrée dans l’univers des bouteilles de collection. Mais pour ces versions nées au cours du nouveau millénaire, la qualité, souvent inégale d’une édition à une autre (c’est l’apanage des éditions limitées), reste le paramètre essentiel pour une prise de valeur. Un autre élément que les nostalgiques des versions antérieures prendront en considération, est « l’ère » sous laquelle le malt fut conçu : juste avant 1997, Allied Domecq ; de 1997 à 2004, la famille MacDonald (Glenmorangie Plc) ; et à partir de 2005, le groupe LVMH.
Ainsi, les trois premières éditions d’Ardbeg Traigh Bhan 19 ans – 2019, 2020 et 2021 –, malgré leurs sorties récentes, méritent que l'on s'y arrête. Distillées entre 2000 et 2001 (époque MacDonald), elles restent dans la ligne aromatique des versions passées d’Ardbeg. Il s’agit aussi des premières éditions de type small batch (choix délibéré ou petite contrainte de stock ?) lancées par LVMH qui renoue avec une certaine maturité d’âge.
Au sein des éditions limitées « NAS», s’il fallait n’en citer qu’une, ce serait Ardbeg Corryvreckan 100° Proof Committee Reserve. Un parfait exemple de ce qui s’est fait de mieux dans ce registre. Avec seulement 5000 bouteilles pour le monde, il s’agit de la toute première version lancée de Corryvreckan en 2008, une valeur très sûre tant en garde qu’en dégustation !
LAGAVULIN : La success-story de Lagavulin ne se dément pas depuis l’apparition, en 1987-1988, d’une version de 16 ans, introduite au sein de la gamme des Six Classic Malts, qui mit un terme à la version classique âgée de 12 ans. L’engouement fut tel que, rapidement, les propriétaires de la distillerie durent consacrer l’intégralité de sa production à ses futures mises en bouteilles, privant ainsi de nombreux blends d’un malt de premier ordre. Mais c’est aussi un malt rare au sein de nos enchères et qui, sur une courte sélection, dévoile à quelques exceptions près l’ensemble de ses gammes créées depuis le début des années 1990. Deux d’entre elles sont convoitées en raison de leur caractère exclusif et de la décennie souvent exploitée pour leurs mises en bouteilles (années 1990) : Jazz Festival et bien sûr, Feis Ile. Deux pépites (parmi tant d’autres !) :
Et bien sûr, « monstre sacré » s’il en est :
LAPHROAIG :Si une seule expression devait synthétiser l’essence de Laphroaig, c’est le 10 ans. Déclinée en différents degrés, tailles de flacons, importateurs, types d’étiquettes, de bouchons et de capsules, cette version offre à elle seule un panel de plus de cent cinquante embouteillages différents réalisés sur plus de soixante ans. À ce titre, aucune autre distillerie que Laphroaig n’a jamais été à ce point fidèle à une expression au cours d’une si longue période. De quoi y consacrer une collection !
Parmi les raretés présentées, le Laphroaig 10 ans Geco Import bouchon liège. Les importateurs français, d’une manière générale, sont assez rares au sein des collections privées. Les versions anglaises et italiennes sont les plus courantes. À partir de 1985-1986, Geco remplace St Raphael en tant que distributeur en France. En 1986, cette version est introduite de façon très ponctuelle en France, avec un bouchon à vis, avant de faire place en 1987 aux versions « bouchon liège » introduites pour tous les marchés dont l’Italie (Cinzano Import). Il faut noter que la distillation date du milieu des années 1970.
PORT ELLEN :Dernière distillerie du sud de l’île, Port Ellen fut fermée définitivement en 1983. À l’instar de certains grands artistes, Port Ellen connut une gloire posthume dès la fin des années 1990 grâce à l’introduction de deux versions millésimées 1978, âgées de 20 ans pour la première et de 22 ans pour la seconde, au sein de la gamme des Rare Malts Selection. Ces deux éditions distribuées à travers le monde mirent Port Ellen « sur orbite ». En 2001, Diageo introduisait sa gamme Annual Release, à raison d’une nouvelle édition de Port Ellen par an, avec pour millésimes vedettes 1978 et 1979.
La gamme des Rare Malts Selection est admirablement illustrée par Port Ellen 20 ans 1978 (1998) Natural Cask Strengh, notée de façon assez unanime, au-dessus de 92/100.
Concernant les Annual Releases, Port Ellen 32 ans 1979 – 12th Release, est un coup de cœur absolu parmi les connaisseurs en raison de la qualité du batch (de 92 à 95 points/100) et du nombre très limité de flacons (2964) pour le monde.
Du côté de Bowmore, une version vieillie en ex-fûts de sherry, le Bowmore 1997 (2019) Distillery Manager's Selection, limité à 3000 bouteilles, attire l'attention. Pour Caol Ila, il faut regarder du côté de la société de négoce Gordon & MacPhail et de sa « seconde » étiquette, Jas Gordon, accordée en distribution exclusive à Auxil (son deuxième importateur français dans les années 1980), pour dénicher un Caol Ila 1972 Celtic Label. Une étiquette bien plus connue des collectionneurs au sein du marché italien, sous l’importateur Meregalli.
Enfin :
Très bonnes enchères !